Docteur Maboul
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le 27 juin 2010
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Au début, on croit être dans un quasi-documentaire, comme de la reconstitution historique hyper-réaliste. Mais lentement on réalise qu'on est dans un film avec des personnages qui affirment leur performances sans en avoir l'air, au fur et à mesure qu'on est avec eux sur le terrain. L'immersion est dans ce film presque totale, mais s'opère bien plus au travers des scènes de suspense que dans la dramatisation des protagonistes. Les protagonistes restent indéniablement humains, mais comme dans un état second, toujours entre la vie et la mort. Et la mort est omniprésente dès les premières minutes quand le Sergent Matt Thompson (Guy Pearce), qu'on regardait tranquillement désamorcer une bombe, explose soudainement avec elle. Dans un superbe ralenti plus vrai que nature, on voit la terre trembler, les grains de sables se soulever, et l'homme tomber. On comprend alors qu'on peut faire une croix sur l'acteur bankable qu'on croyait accompagner pendant tout le film. Une scène comme ça vous fait rentrer sans mal dans un film, qui nous soumet à une tension à peine soutenable. Une tension qui n'est ni plus ni moins ce que vivent les soldats au jour le jour.
Son remplaçant est le Sergent William James (l'excellent Jeremy Renner, que ce film révèlera), qui, mission après mission, bombe après bombe, montre ses tendances franchement suicidaires, qui lui permette de garder un calme olympien. On sait alors qu'il ne faut pas faire confiance au film, qu'il peut nous exploser à la gueule n'importe quand. Et ce n'est pas dans les parenthèses du film, entre les nombreuses scènes de déminage, qu'on peut vraiment se reposer, quand le protagoniste se douche ou se couche en gardant sa tenue de démineur, ou quand il garde sous son lit les déclencheurs des 873 bombes qu'il a désamorcé comme des fétiches porte-bonheur.
Ce film montre, sans jamais porter du jugement raciste ou de démagogie facile anti-guerre, l'état d'esprit paranoïaque des soldats, qui relève souvent de la nécessité de survie ; et la menace de riverains, pourtant parfois amicaux et chaleureux, dont on ne connaît ni la culture ni la langue. Kathryn Bigelow, réalisatrice connue pour tourner des films dans des univers presque entièrement masculins, filme avec une précision chirurgicale et une sobriété pudique la virilité en action, jamais exagérée. Et nous livre un bijou de documentation sur les guerres contemporaines, assez réaliste pour qu'on ne se risque jamais à un sourire, mais assez divertissant pour qu'on reste scotché devant un spectacle stressant mais parfaitement rythmé.
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Créée
le 11 avr. 2015
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