Crash
Durant un accident de voiture, sa femme décède et lui survit. Alors que Davis devrait pleurer sa tristesse et être submergé d’un chagrin insurmontable, il ne ressent rien, continue son train-train...
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le 14 avr. 2016
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Dernier film du tant regretté Jean-Marc Vallée, disparu en 2021 à seulement 58 ans, Demolition est une comédie douce-amère sur le deuil, porté par un Jake Gyllenhaal absolument brillant dans le rôle de Davis, un personnage lunaire mais attachant, qui se libère du décès de sa femme par de petits pétage de plomb. Le film porte bien son nom, puisqu'il démolit tout qui est à portée de ses mains, et possède un double sens, puisqu'il démolit également nos fausses présomptions. Et alors qu'on pensait assister à un drame lourd et plombant, on se retrouve face à un film drôle, audacieux et réfléchi sur les questions du deuil, des remords et de la remise en question de sa vie. Et je le répète, malgré le sujet abordé, le film est vraiment très drôle et pas plombant du tout !
Davis (Jake Gyllenhaal) est totalement absent à lui-même, dénué de sentiments. Le décès de sa femme (Heather Lind), point de départ de l'histoire, ne l'émeut pas une seule seconde. On le voit même se forcer à pleurer face à un miroir. Et alors que jusqu'à présent il agissait dans son quotidien sans prendre conscience de l’impact, de l’importance de son agir, pour lui ou pour les autres, il va peu à peu tenter d'effectuer un travail d'introspection et de remise en cause profonde de son attitude. Cela passe par le fait de démonter et démolir des choses, y compris lui-même dans un comportement d'autodestruction. Il essaie tout de même de s'ouvrir aux autres et se rapproche peu à peu de Karen (Naomi Watts) qu'il inonde de lettres et ensemble ils partagent les fardeaux de la vie. Il fait également connaissance avec le fils de Karen prénommé Chris (Judah Lewis), qui est en pleine crise existentielle/orientation sexuelle et qu'il essaie d'aider en le libérant des carcans de notre société.
Je suis le genre de personne qui enterre tout au plus profond de lui-même. Si l'un de mes proche mourait, vous ne le sauriez pas à moins que je le dise publiquement. Si je me faisais larguer ou si je me faisais virer de mon travail, mon comportement général ne changerait pas assez, pour que vous puissiez le percevoir. J’intériorise tout, je l’enfouis au plus profond de moi-même et je fais de mon mieux pour l’ignorer, jusqu’à ce qu’il finisse par disparaître ou que le problème se résolve tout seul. C’est un système lentement destructeur pour faire face aux difficultés, mais d’après mon expérience, je pense que je le préfère à une autre approche, qui consisterait à l'extérioriser. Certains penseront que tout intérioriser, c'est malsain, ce à quoi je ne suis pas du tout d’accord. Je crois pouvoir dire que je suis une personne mentalement saine, raisonnable et assez ferme dans mes croyances fondamentales et ma moralité. Demolition est l’un de ses films qui reflète au mieux ce type de gestion des émotions (à un certain niveau en tout cas) et qui ne semble pas le condamner.
Demolition est une étude de la psychologie humaine et c'est en cela que le film s'avère être passionnant. Jake Gyllenhaal continue de justifier sa position comme l’un des acteurs les intéressants et audacieux à l’heure actuelle, donnant une performance calme et légèrement décalée qui est absolument fondamentale pour susciter l'empathie chez le spectateur. Naomi Watts, une actrice que j'adore, semble un peu déphasée et maladroite, mais Karen le personnage qu’elle joue l’est aussi, je n’ai donc aucun problème avec son interprétation du personnage. La mise en scène de Jean-Marc Vallée est également excellente, tissant un récit implacable, grâce à un montage efficace et à une loyauté fondamentale à la mentalité modérée de son protagoniste. Demolition se déroule dans la tête de Davis, tentant de représenter cinématographiquement le processus d’intériorisation du chagrin et des conflits, ce qui, selon moi, se prête intrinsèquement à une mise en scène clinique et à l'économie des effets.
Permettez-moi maintenant de clarifier certaines choses. Je n’ai jamais perdu une femme, un enfant ou un parent. Je n’ai jamais démoli ma maison ou démonté mon réfrigérateur et je n’ai jamais vraiment fait face à l'angoisse en dehors des relations romantiques et platoniques, des grands-parents qui décèdent ou des chiens qui meurent, du stress lié au travail ou des problèmes financiers. Mais le sentiment d'angoisse est relatif, et je me suis reconnu dans le parcours de Davis. Il n’y a pas de scène où il pleure de toutes ses larmes ou de scène où il s’effondre sur la pierre tombale du défunt. Pas de cris, d’angoisse ou d’agitation constants ... la vie continue.
Demolition est un film fondamentalement humain, qui se cache derrière une comédie absurde, tout en traitant de certains des scénarios les plus déroutants de la vie. C’est un film qui suit la dépression de Davis, avec humour et mélancolie. Quant à Jake Gyllenhaal, il est prodigieux dans son interprétation du deuil. Le film trouve une certaine beauté dans l'acceptation et la reconstitution, alors que Davis finit par trouver ses réponses dans les décombres de son ancienne vie. C'est un film qui ne porte aucun jugement sur lui et sur sa façon de faire face à l’adversité. Au contraire, il essaie de le comprendre. Le film porte un regard tendre sur son protagoniste conflictuel et qui va vous mettre du baume au cœur lorsque le générique de fin apparait.
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Créée
le 14 sept. 2024
Modifiée
le 14 sept. 2024
Critique lue 13 fois
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