Judge Dredd is back pour un action-movie futuriste donnant dans la branche comique des héritiers du Meilleur des Mondes de Aldous Huxley. En 1996, date où le film triomphe en salles, le sergent de police John Spartan (Sylvester Stallone) réussit à capturer le psychopathe Simon Phoenix (Wesley Snipes), mais c’est au prix de nombreuses vies et d’une énième validation de son surnom, "Demolition Man". Il est condamné à 70 ans d’hibernation et subira un lavage du cerveau pendant sa cryogénisation pour devenir un citoyen prévenant et sans danger.



  1. Simon Phoenix fuit la prison lors d’un exercice de contrôle mal justifié. On s’en fout : l’intérêt, c’est que ce fauve lâché dans une société incapable de lui faire face nécessite qu’on rappelle le Demolition Man. Seul un homme des 90s est en mesure de venir à bout de sa sauvagerie. Lenina Huxley (Sandra Bullock) le sait bien, elle qui adore le XXe siècle, où il se passait tant de choses imprévues, où les montées d’adrénaline faisait partie du quotidien. Aussi elle va appuyer la décryogénisation de Spartman. Et c’est là qu’on s’amuse.


Il faut bien le dire, on s’ennuie au XXIe siècle. En ces temps de fiottes amorphes, moralistes et égalitaires, la paix est partout, il n’y a plus d’armes, plus de fautes ou de troubles, plus d’impulsivité, que du confort, de l’harmonie, rien à corriger. Où sont passées les burnes de nos soldats ? Aujourd’hui la police est une petite brigade anti-incivilités venant vous taper sur le poignet lorsque vous lâchez le moindre juron innocent (c’est l’ahurissant code de moralité du langage).


Cette vision de traditional warrior sur un futur lamentable trouve un excellent écrin. Ce n’est pas L’Armée des douze singes, ça n’y aspire pas un instant, mais le monde projeté, ses mœurs, ses fantaisies, son ridicule, sont rafraîchissants. Sur le plan graphique et des gadgets, le film de Marco Brambilla vaut largement Le Cinquième Elément de Luc Besson. Et surtout il est infiniment plus drôle et jouissif.


Le contraste bien lourd entre les brutes de notre époque et le conformisme bienheureux de ce futur proche est délectable. John Spartan est un barbare aux yeux des pacifistes pédants de cette ère, harmonieuse et éthérée vu sous un versant favorable, anesthésiée et infantilisante vu d’un plus critique. La dictature de la gentillesse donne l’urticaire et rend compatissant à l’égard de Demolition Man. Sa performance dans ce contexte procure le même plaisir que la présence de l’oncle qui pue à un repas de famille guindé, ou l’invitation de Divine chez les apôtres de la tolérance.


La compréhension ? La communication ? What the fuck ? C’est la force qu’il faut employer ! On ne viendra à bout de cetteordure qu’en lui lattant les couilles comme elle-même nous les broie ! Forcément en face, les affadis y vont de leurs commentaires et méprisent ce qu’ils ne connaissent pas : la virilité, le goût de l’efficacité, la démonstration de puissance. Le spectateur et Demolition Man sont gratifiées de vibrantes analyses telles que « c’est ainsi que les mâles hétérosexuels anxieux s’exprimaient » lorsque Spartan s’agace des pudeurs de ses nouveaux concitoyens.


Attention ! Dimension sociale ! À l’instar du Carpenter badass (Invasion Los Angeles, New York 1997), Demolition Man exprime une sensibilité pour « les rebus », les laissés-pour-compte de cette société. Ils sont pauvres ou mieux, sont les anarchistes conservateurs de ce nouveau siècle, fomentant une révolution contre Cocteau, le tyran pacifiste cachant une face sombre. Puis à la fin, on trouvera bien un bon compromis entre les psychorigides lénifiants et les bourrins random, afin de vivre dans la sérénité mais sans trop s’emmerder. C’est le niveau, c’est extrêmement sympathique, ça concurrence largement Judge Dredd.


http://zogarok.wordpress.com/2014/09/28/demolition-man/

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le 27 sept. 2014

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