Avec son titre évocateur et son apparence bien bourrine, Demolition Man pourrait-être un énième film d'action gonflé à la testo avec Sly en vedette. Mais bien évidemment si j'ai envie d'en parler c'est qu'il est bien plus intéressant que ce qu'il pourrait laisser paraître.


A l'époque, et à l'instar d'un Last Action Hero sortit la même année (avec son grand concurrent Schwarzy qui aura aussi le droit à son clin d’œil visionnaire), Demoltion Man avait avant tout la volonté de symboliser sur un ton résolument comique, la fin du cinéma d'action des années 80 et de sa figure du "grand mâle viril bodybuildé", par le contraste fort que provoque la plongée de cette icone déclinante dans une société futuriste pacifiée et pacifiste.


Mais alors qu'on pouvait rire du ridicule de cette société à l'époque du film tout autant que l'on peut rire à notre époque de cette icone bodybuildée d'un autre âge, revoir Demoltion Man aujourd'hui a une toute autre saveur tant le film se révèle percutant et visionnaire sur notre propre monde.


Une vision en apparence opposée à celle d'un régime fasciste reposant sur la violence à laquelle on pourrait s'attendre (et telle que l'on pourrait nous le proposer dans un Escape from L.A par exemple) avec pourtant les mêmes effets pervers sur la liberté des individus, avec son mode de vie ordonné et aseptisé, ses interdits et son conditionnement des esprits soumis au catéchisme de "la morale guimauve".
Et dans notre propre monde, alors qu'on pourrait trouver une légitimité de fond à ce qui pourrait aboutir aux dérives extrémistes et sectaires de la société dépeinte dans Demolition Man, on pourrait se demander si on n'y est pas déjà ou tout au moins si on ne s'y dirige pas à grands pas.


Outre la volonté de démolir (haha) la figure de la virilité , beaucoup d'exemples sont tordants et se font l'écho de ce qui pourrait bel et bien arriver :


Interdiction d'avoir des rapports charnels avec une femme, interdiction du contact physique pour se saluer (ça vous rappelle pas quelque chose ?) interdiction de manger de la viande, interdiction de fumer, de jurer,...
Et quand je parlai de légitimité de fondement qui pourrait aboutir à des dérives extrêmes, la police qui est au cœur du film est l'exemple qui me fait le plus rire en ce moment ! Du mode d'interpellation, au système de vidéo-surveillance en passant par le traçage des citoyens,...
On pourra aussi apprécier la nostalgie de la violence chez le personnage de Sandra Bullock ou encore cette radio qui diffuse de la musique pré-pubère qui sonne comme un écho à notre société hyper émotionnelle et infantilisée au possible.
Et c'est d'autant plus savoureux que ces exemples reposent sur une société bourgeoise totalement hypocrite dont le mode de pensée se fout bien d'une toute autre réalité souterraine pour continuer à se nourrir de ses illusions...


Bref en 1993, Demolition Man, comédie d'action bourrine qui voulait délibérément marquer la fin d'une époque et d'une icone, se révèle être un peu involontairement, un très beau miroir de celle dans laquelle nous rentrons.


Le meilleur des mondes...

Altharil
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le 11 juin 2020

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Altharil

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