Le synopsis de ce film avait tout pour faire bander en terme d’horror movie, le truc qui fleure bon la série B 80s, réalisé par Lamberto Bava, fiston du grand Mario resté maître de l'épouvante en ses terres transalpines, le tout produit par un autre maestro du nom de Dario Argento, mmmh mais attendez voir, c’est de la bave qui coule sur ma joue ? ... Voilà bien le genre de petite séance nocturne qui me botte !
L’histoire donc, une jeune femme se voit recevoir une invitation de la part d’un type étrange dans le métro pour participer à la réouverture d’un cinéma de quartier, le Métropol, elle s’y rend et se retrouve au milieu d'une salle remplie de quelques curieux pour assister à la projection d’un film d’horreur où les protagonistes déterrent un masque mortuaire qui une fois porté transforme son hôte en être démoniaque. Seulement la fiction rejoint la réalité lorsqu’une spectatrice qui revêtit un masque similaire à usage promotionnel quelque minutes plus tôt se voit elle aussi transformée en démon, elle se met alors à attaquer son amie, puis l’infection se propage pour vite tourner au massacre. Les survivants de moins en moins nombreux vont se rendre compte que quelqu’un ou quelque chose les a emmurés pour leur tendre un piège.
Le film débute assez sobrement en gardant une petite tension sympathique bien que légèrement surfaite en terme de mise en scène (typiquement giallesque), en tout cas assez suffisant pour nous mettre en garde quant à la suite des événements et donner le ton. Ensuite la première séquence dans le cinéma nous dévoile l’éventail des personnages qui vont composer le public, l’idée est donc bien de substituer un minimum d’attachement pour ne pas avoir affaire à des plots (quoique ...). J’aime bien l’idée de miroir d’un écran de cinoche devant son auditoire qui réagit de même manière que nous réagissons, ça m’a rappelé l’excellent Angustia de Bigas Luna, sorte d’introspection cinématographique sous forme de mise en abime, à certains moments le son du film projeté agit presque comme un storytelling du long métrage même, c’est assez malin. L’ambiance est franchement prenante, la première demi-heure nous scotche littéralement à notre siège, jusque là le suspense est parfait, on attends patiemment le déroulement de ce cirque macabre annoncé.
Arrive alors cette transformation qui fait basculer le registre thriller dans l’horreur gore frontal, avec des maquillages poussant le trait au maximum (bien foutus cependant), à partir de là nous allons assister à un crescendo qui se montrera passablement bordélique, on se retrouve dans un univers entre le Evil Dead de Raimi et le Zombie de Romero avec une bande son hard rock foutrement hors sujet. La frontière entre la série B et la série Z se montre mince et notre ceinture doit être sacrément bien attachée pour pouvoir supporter le boxon qui va suivre, car ça va assez loin. Le contexte de l’enfermement reste plutôt bon et la contamination zombiesque se défend, mais on est tout de même obligé de déplorer un manque de positionnement tranché en matière de ton, j’ai eu du mal à croire que le réalisateur nous conditionne à un huis clos oppressant pour finir en totale auto-parodie, on pourra dire que c’est délirant d’un sens mais je trouve tout de même dommage qu’il n’y ai pas de véritable ligne de conduite.
Le montage se montre aussi quelques fois malavisé, coupant des séquences pour introduire une bande de junkies qui n’interviendra dans l'action que plus tard pour … ne servir à rien, de plus on voit arriver certains clichés de champ/contre-champ qui gâchent certaines possibles surprises, sans compter des acteurs franchement moyens déclamant des discours manquant de bon sens, même dans un climat second degré. Mais je dois bien avouer que pendant un moment je me suis laissé prendre au jeu du coté fun assumé, la dernière partie est un putain de foutoir complètement perché, tellement que ça m’a fait rire, voir le héros à moto décapiter des démons à une main avec un katana on ne peut décemment pas s’y attendre une minute, fuck ! Le scénario semble d'ailleurs avoir eu du mal à se conclure, les lascars à l’écriture ont dû bien se lâcher en débitant chacun leur tour des idées aussi farfelues les unes que les autres, en fait c’est sans doute ça le vrai soucis, ça fourmille trop, tellement que ça en est presque une "private joke".
En conclusion je n’arrive pas vraiment à avoir de jugement définitif concernant ce Demons, une chose est sure il est maladroit, ça ne fait pas de doute, seulement l’ambiance est là avec ses références, la réalisation de Bava se montre plus que correcte et l’esthétisme nous donne ce qu’on a envie de voir dans ce genre de film d’horreur sorti des eighties. Tout dépend au final de l’humeur du spectateur, plutôt que de partir vers l’inconnu il vaut mieux s’attendre à passer un moment cool sans être trop exigeant.