En France, si l'otaku est un passionné de japanimation et d'Asie en général, le terme est bien plus péjoratif au Japon, où il s'apparente à notre définition du nerd, autrement dit un monomaniaque asocial qui ne sort jamais de chez lui, si ce n'est lorsqu'il n'a pas choix, pour aller travailler ou faire ses courses.
Densha Otoko se place donc dans cet univers, nous faisant suivre la vie d'un jeune homme qui vit sa passion, et défendant une femme dans un élan de courage, découvrira une chose qui le terrifie, et lui est inconnue, l'amour. On nage donc en plein drama (ce qu'il était d'ailleurs à la base, puisqu'ici c'est son adaptation en long-métrage), un genre Japonais qui est l'équivalent de nos comédies/drames sentimentaux (mais sous forme de feuilletons), tout en empruntant beaucoup au pantsu, un type de manga dont l'antagoniste est souvent un ado/jeune maladroit qui ne sait comment conquérir sa belle. Cette femme est son total opposé, afin de créer un choc plus important, et élargir le fossé qui les sépare, rendant le challenge encore plus dur à relever. Ce couple nous attendrit, tous deux quasi muets, et à peu de choses prêts on aurait l'impression d'assister à une version cybero-nippone des Emotifs Anonymes. L'œuvre est cependant bien plus mielleuse, comme le sont tous les dramas, et l'on se rend compte — si l'on ne le savait pas déjà — que les Japonais sont très différents des Occidentaux dans leurs relations sentimentales, oubliez donc American Pie, car nous sommes plus proches de l'innocence d'un Nuits blanches à Seattle. Heureusement les scénaristes ne se sont pas contentés de nous servir quelque chose de mièvre, mais ont su y ajouter un vaste panel de la culture otaku, ainsi qu'une bonne dose d'humour efficace tout en restant très sage (pas de sexe comme dans les pantsus de Mazakazu Katsura).
Bref, Densha Otoko est un long-métrage rafraîchissant, attendrissant, touchant, loin des histoires sentimentales d'ados américaines qui sombrent rapidement dans la vulgarité de bas étage. Ça reste tout public, intime, délicat et timide, et ce format long-métrage permet aux personnes peu familières ou allergiques aux dramas d'en apprécier un sortant du lot grâce à son aspect contemporain important.
L'otaku n'est pas tourné en dérision, c'est tout le contraire, nous montrant qu'au final il peut se sortir de cette bulle, pour peu qu'un humain lui en donne la motivation. Ses amis de chatrooms, avec lesquels il communique tous les jours afin de leur demander conseil, se voient même matérialisés dans une scène métaphorique, afin de contredire l'affirmation « les amis virtuels ne sont pas des amis réels ».
A noter que la fin risque d'en troubler certains, mais il est conseillé d'attendre jusqu'à ce que le générique soit terminé pour avoir droit à une scène additionnelle (et pour ceux que ça intéressent, la série originelle comportait un épisode supplémentaire qui servait de fin alternative, ce qui, paradoxalement, sème encore plus le doute quant à la véracité de cette histoire, sans compter le fait que les personnages soient anonymes, Densha signifiant « train », et Hermès, sa bien-aimée, est nommée ainsi parce qu'elle lui offre une tasse de cette marque).
Pour conclure, les otakus y trouveront évidemment ce qu'ils recherchent, et auront toutes les raisons d'applaudir cette œuvre qui leur est dédiée. Les plus allergiques seront quant à eux surpris, que ça soit par la découverte objective de cet univers et son aspect innocent.
Mention spéciale pour la direction générale des acteurs, qui pour une fois ne sont pas forcés à cabotiner pour compenser un manque de talent. Les émotions semblent réelles, que ça soit dans la joie comme dans la peine, et c'est ce qui en rajoutera à l'intérêt que pourraient y porter les moins réceptifs au genre.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.