« Depuis ton départ » est le parfait exemple de la manière dont on peut transcender un genre à travers la mise en scène. Mélodrame tourné en temps de guerre, le film avait pour but d’aider les femmes américaines à surmonter cette période de solitude difficile. Il fait par ailleurs un portrait plutôt sincère des difficultés, financières, affectives et sociales, rencontré par une mère au foyer à cette époque. L’histoire aurait put tomber dans les pires poncifs or, Cromwell et Selznick illuminent le tout par une belle touche de lyrisme discret, rehaussé par la sublime photographie en clair-obscur de Stanley Cortez. Passée une agréable demi-heure de mise en place, les scènes inoubliables se multiplient, celle du bal des soldats, le rendez vous amoureux de deux adolescents à la campagne avant le départ au front, les adieux à la gare plongée dans la pénombre… C’est la beauté simple de ces moments qu’on sait fugace, qui finit par provoquer l’émotion. Les comédiennes y sont aussi pour beaucoup, Claudette Colbert en fait juste ce qu’il faut pour rendre son personnage crédible et attachant, Jennifer Jones restitue à la perfection les sentiments complexes qui submergent une adolescente des années 40. Joseph Cotten excelle en officier faussement cynique. Au final, le film brise même le rêve américain en ramenant la moyenne bourgeoisie à la dure réalité.

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le 16 janv. 2014

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