"Dommage", c'est le premier mot qui vient à l'esprit.
Pour mon premier film documentaire québécois, on m'avait dit du bien de Paul Arcand. "Il expose les faits et n'est pas du tout moralisateur".
Je pensais aller voir un documentaire à la Michael Moore, un film avec le réalisateur face caméra, quelque chose d'intéressant et pas spécialement guimauve.
On se retrouve devant une séries de séquences qui ne sont là que pour essayer de nous faire comprendre que "oulala, c'est pas bien de conduire quand t'es jeune et chaud" (chaud voulant dire bourré en québécois). Et vas-y que ça abuse des ralentis à foison, que ça balance de la musique larmoyante devant les images pleines de zoom et dézoom pour te sentir impliqué.
La première partie n'est qu'un reportage, un hommage aux familles des victimes. Témoignages sous fonds de reconstitution, c'est mal orchestré. Pourquoi faire un énorme zoom sur le visage de la victime quand on arrive au moment où elle pleure ? L'impression d'avoir à faire à un docu-fiction. Le réalisateur ne prend malheureusement pas assez de recul. Il traite le sujet comme s'il était plus qu'omniprésent dans notre vie, et donne l'impression qu'il ne fait que lister les sinistres.
Pourtant, plus le film avance, plus il est acceptable. L'arrivée de l'ancien champion de Formule 1 rafraîchit le tout, car il sait faire la part des choses et indiquent des solutions plausibles. (sans parler de la question complétement débile posée par le réal' lui-même "et si on prend ce virage avec de l'alcool dans le sang et avec plein de jeunes dans la voiture, c'est dangereux ?"). Mais y a du mauvais aussi, dont le "scientifiquement, on atteint a maturité à 23 ans"...
Quelques séquences ne sont pas à jeter. On peut notamment citer le magnifique Michael, accidenté avec de gros dommages cérébraux, qui intrigue. Malheureusement, encore une fois, il y a un surplus inutile : le père qui coupe du bois pour se libérer, d'accord, mais faire un ralenti sur cette action... Et je ne parle même pas de la séquence en noir et blanc.
On parle à un moment des parents, et de leur responsabilité, ce qui est un bon point. On aurait pu aller plus loin en faisant parler, par exemple, des jeunes qui ont conscience du problème et qui ne sont pas du tout dans la même optique.
Alors pourquoi ? Qu'est-ce que ce film a de plus que les autres, qu'est-ce qu'il apporte ? Pourquoi en avoir fait un film et pas un reportage à la télévision ?
Le documentaire veut bien faire. Oui, c'est plutôt visuel, et ça marche sur la plupart des gens. Plusieurs personnes après la séance ont parlé du fait que ça les avait fait réfléchir : tant mieux.
Mais au niveau strictement cinématographique, le film est raté. Il plonge beaucoup trop dans le mélo au détriment d'un traitement intéressant du sujet.
Heureusement qu'il y a du Metric à la fin.
