Quand on aime le cinéma on passe sa vie à le défendre contre ceux qui veulent le soumettre à leur idéologie, surtout avec ce genre de film. Il y a certes les droitardés qui croient au "grand remplacement". Mais je crois que les progressistes de salons qui réclament de la diversité m'insupportent beaucoup plus, parce qu'il ne font même pas semblant de s'intéresser à ce qui existe déjà. Et pour cause, si vous leur montrez un film comme "Dernier Maquis", ils vont dire "Ouè mai sai chian"
Alors que "Dernier Maquis", c'est sans doute ce qui peut se faire de plus beau au cinéma. Filmer la vie des gens, le quotidien des travailleurs, mettre le petit peuple en valeur. Mais RAZ ne s'arrête pas à la chronique naturaliste. Toutes les dix minutes sa mise en scène rivalise d'audaces poétiques portant le film au sublime. Nous sommes en présence d'un réalisateur au lyrisme aussi déstabilisant que boulversant, aussi mordant que délicat.
Voir des travailleurs faire la queue pour se laver les mains avant de débaucher, c'est beau. Les voir déambuler au milieu des palettes rouges qui s'empillent, c'est beau. Rien n'est manichéen, de ce patron tranquilisant ses travailleurs en leur mettant une mosquée à disposition avec la complicité de l'imam (cherchant à convertir les récalcitrant au passage) à ce récent converti qui se circoncit lui même en passant par les mécanos grévistes, tous ces hommes sont vrais, donc attachants. La caméra se promène entre tout ces visages, tout ces gestes si familiers.
Les envolées poétiques du réalisateur (un homme escaladant les palettes rouge pour appeler à la prière au sommet, la séquence du ragondin inutile à l'intrigue et pourtant si poignante qui prend tout son temps....) s'empilent sous nos yeux tel les palettes de ce chantiers, formant peu à peu un tout, un équilibre, l'oeuvre d'un grand cinéaste. Un cinéaste qui magnifie le réel sans jamais lui enlever sa substance.