Le tandem Michel Leclerc - Baya Kasmi (ici derrière la caméra) continue à exploiter son filon comique consistant à traiter avec légèreté le climat politique contemporain.
Si le film est drôle à plusieurs reprises grâce à quelques scènes satiriques touchant à une certaine folie avec un tempo comique bien mené (Noémie Lvovsky à la cérémonie du Goncourt), il y a toujours ce sentiment frustrant de tromperie sur la marchandise déjà présent dans les précédents films du duo (Le nom des gens, La lutte des classes). Chaque élément abordé ayant un potentiel quelque peu sulfureux ne dépasse pas le stade de l'anecdotique, que ce soit les parodies télévisuelles ou les rapports de l'écrivain Youssef Salem à sa famille. Si on sent par instant une volonté de tester les limites de ce qu'on peut faire où non dans le comique, le film ne met jamais réellement les pieds dans le plat. Il manque aux auteurs l'ironie mordante d'un Antoine Peretjatko. Qui plus est la mise en scène manque d'ambition, des instants de simple parodie la réalisatrice peine à tirer un peu de cinéma, ce qui bloque le rire. De ce point de vue le film à de sérieux défauts.
Son vrai mérite finalement est de ne pas brider ses personnages, de les laisser libres dans leurs aspirations, leurs fantaisies, leurs contradictions, leurs questionnements, sans jamais rien trancher. Le résultat est un entremêlement sympathique de sociotypes, dont la caricature est suffisamment dosée pour qu'ils amusent sans irriter. Le tout est relevé par la finesse du jeu de Ramzy, qui déploie toute une palette, entre naïveté et lucidité, parvenant à crédibiliser ce personnage aspirant toujours à la joie, à l'universalité, mais guindé par les injonctions sociales faites à l'artiste et au transfuge de classe.