Dans le paysage pas très folichon des comédies françaises, Youssef Salem a du succès fait figure d'exception et de bonne surprise. Si le film manque quelque peu d'ambition sur le plan de la mise en scène, c'est dans son écriture, subtile et légère, qu'il atteint son but et convainc, avec une aisance particulière dans les scènes de groupe où les répliques fusent comme des tirs de mitraillette. L'humour se retrouve même dans l'origine de son héros, citoyen Port-au-Boucain, qui convient on ne peut mieux à un écrivain. Lequel est aux prises avec la célébrité, non souhaitée, et avec sa famille, choquée par les écrits de ce fils "indigne." La quête identitaire est évidemment au cœur du scénario signé par la réalisatrice Baya Kasmi et Michel Leclerc mais traitée de manière fine et quelque peu moqueuse, au point parfois de s'imaginer dans un film de Woody Allen ou dans un roman de Philip Roth. Au fond, si chaque famille a ses caractéristiques spécifiques, elles se ressemblent toutes avec leurs non-dits, leurs ressentiments et leurs mensonges. Comment vivre avec ses origines arabes dans la société français au XXIe siècle ? Youssef Salem a du succès répond à sa manière, généreuse, facétieuse et narquoise, ne cherchant pas à esquiver les problèmes d'assimilation ou d'intégration. Au centre du long-métrage, Ramzy Bedia domine en majesté une belle troupe de comédiens où chacun joue sa partition avec gourmandise, avec une mention spéciale pour Noémie Lvovsky, qui a la grâce même quand elle en fait trop.