Un flic noir qui, enfant, a vu a vu son père toxicomane tué par la police, est recruté par un supérieur raciste pour s'infiltrer sous couverture dans le milieu de la drogue. Du deal de rue au sommet de la hiérarchie, il remonte la filière mais se retrouve bientôt obligé de se compromettre et de renier ses profondes valeurs morales... Rien de très original dans le scénario de ce polar typique des années 1990 qui a surtout l'intérêt de mettre en avant un héros noir (excellent Laurence Fishburne) dans un genre où les afro-américains jouent habituellement les seconds couteaux. La première heure, rondement menée, se laisse regarder avec plaisir, sur fond de rap (à une époque où celui-ci ressemblait encore à de la musique) et d'une superbe b.o. de funk électro signée Michel Colombier. La fin est plus houleuse, nourrie de clichés dans une surenchère de violence inutile jusqu'à un dénouement qui questionne maladroitement l'idée d'une possible rédemption de ce héros déchiré que l'on aurait souhaité un plus finement dépeint. Une étoile supplémentaire pour Jeff "The Fly" Goldblum, formidable en tranquille avocat bourgeois qui s'enfonce avec gloutonnerie dans le crime et la dépravation. Pas très subtil tout ça, mais il faut reconnaître à Bill Duke, l'un des rares réalisateurs noirs d'Hollywood, le souci de transcender les codes du polar à l'américaine pour amorcer une réflexion sur une société où le racisme, la corruption et la violence sont endémiques.