Je n'avais jamais autant ressenti l'académisme ronflant du style de Nicholas Ray avant de tomber sur "Bigger Than Life", un mélodrame familial américain réalisé dans les années 50 avec tout l'attirail sentimental et tous les automatismes d'écriture visibles caractéristiques d'une partie de la production hollywoodienne de l'époque. Bon sang que c'est lourd, cette façon très didactique de montrer comment le personnage interprété par James Mason passe d'une situation heureuse (enseignant épanoui, mari épanoui, papa épanoui) à une situation malheureuse (et bien plus en réalité) suite à la détection d'une maladie rare et à la mise en place d'un traitement expérimental à base de cortisone !


James Mason finit par être écœurant à vrai dire dans son jeu et son surjeu du mari aimant se transformant sans transition en une brute complètement déglinguée qui terrorise femme et enfant. La fluctuation émotionnelle entre euphorie et tristesse, caractéristique des personnes bipolaires qu'on comprend un peu mieux aujourd'hui, est traitée au marteau-piqueur, bien bourrin, sans finesse — et je dis cela indépendamment du fond du propos qui n'en est pas pour autant infondé, et c'est en connaissance de cause...


Du point de vue purement narratif je n'ai pas adhéré à ce portrait de professeur de collège qui charbonne également le soir en tant que chauffeur de taxi, le cumul est vraiment bizarre et mal amené même si des raisons financières sont évoquées. De même, le coup de la baston finale entre Mason et Walter Matthau sur fond de musique de fête en provenance de la télé est très très étrange, mal foutu, maladroit. Tout comme le passage qui précède sur la lecture de la bible donnée par le pater familias, disons que la sensation de perte de contrôle du personnage n'est pas des plus subtiles et en réalité Barbara Rush ne parvient pas non plus de son côté à composer un personnage intéressant — sans doute aussi que l'effet du temps n'a pas aidé à ce niveau.


On peut esquisser l'intérêt du film à l'époque, sur la critique de la middle-class états-unienne des années 50, tranquillement lovée dans son confort matériel, mais ce serait quand même accorder beaucoup de crédit à un film peu aimable. Il revêt in fine la forme d'une fable moraliste à tendance mélodramatique sans avoir la force et la nuance requises.

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le 8 juin 2023

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Morrinson

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