Sur la première partie je rejoins les éloges dispensées ailleurs : les images de la taïga sont somptueuses et on est ému par la rencontre du chasseur indigène et de l'officier soviétique, les deux étant des êtres bons. L'âme sauvage d'Edo dans la matrice de la Mosfilm, faite d'ordre et de sentimentalité, fonctionne à merveille.

Or déjà à la seconde rencontre de nos héros, les choses se gâtent, Kurosawa semble ne pas savoir comment faire évoluer son histoire, ou bien son idée à lui n'a-t-elle pas plu aux producteurs ? La fin semble l'indiquer, le vieux chasseur enfermé dans une maison de ville comme une sittelle dans sa cage, cela ne s'accorde pas avec ce qu'on a vu dans la première partie. La scène dans le salon bourgeois, le père lisant, la mère tricotant, le fils au piano, et Dersou devant le feu de cheminée, est d'un comique attristant.

Le dénouement de la vie du chasseur est maladroit, il se fait tuer par le voleur de son fusil, - on se demande ce qu'il faut y voir. 1/ Un drame : l'aveuglement de l'officier concernant les besoins de son ami, qui reçoit une arme performante alors qu'il demande une fin tranquille dans la nature, à l'image du vieux chinois ? 2/ Version moralisatrice : l'incapacité du sauvage de s'adapter au monde moderne de l'homo sovieticus ? 3/ Une lueur d'espoir : le récit grinçant de l'accueil fait à Kurosawa à Moscou ?

C'est un beau film, certes, mais il ne convainc qu'à moitié.

titou033
6
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le 3 avr. 2024

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