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Dersou, Montolio Debrouchee de Sibérie.

« Encore un film de marche ?! ..pfff.. » kevin S.
N’écoutez pas les médisants. C’est l’envie et la jalousie qui les font persifler.
Oui c’est donc un film de marche, oui les protagonistes vont se frotter à l’immensité froide et sans pitié de l’écosystème sibérien. Oui ils vont parfois avoir des réactions étonnantes, car exacerbées par la lutte de tous les instants que leur impose l’enfer vert.
Mais imaginez un peu : Quelques années après les explorations de P.H. Fawcett en Amazonie, célébrées par l’Angleterre victorienne, dans une région où les pionniers rùs à la solde du Kremlin se battent depuis 5 siècles pour dompter ces immensités qui semblent insensibles à leur minuscule présence, il reste encore un peu de l’enchantement du monde, du mystérieux des étendues forestières sauvages et brumeuses, qui n’a pas encore été – comme en Europe- totalement brisé et anéanti par la peregrinatio pro christi et la pénétration des machines et de l’industrie.
On dirait un pitch pour Mononoke, non ? Le hasard n’existe pas, Dieu merci.
Par ailleurs, n’oubliez pas une chose : A défaut d’ouvrir prochainement une véritable conquête spatiale contemporaine, le dernier far-quelque chose contemporain, que l’humanité possède encore, se trouve, la bas, dans cet extrême orient russe qui manque à chaque instant de chavirer dans la confrontation entre l’homme et le milieu sauvage.
D’où la préciosité du témoignage de Kurosawa qui adapte ici un brillant récit de l’officier topographe Vladimir Arseniev, datant du début du XXème siècle, avec l’habituelle et lumineuse mise en scène qui caractérise son œuvre.
Cette dernière prend ici toute la dimension qu’elle est en droit d’exiger : le jeu de positionnement de la caméra fait écho au talent de pisteur de Dersu, le chasseur Golde, qui guide la troupe russe.
L’animisme du trappeur fait transpirer ce film d’une atmosphère confinant parfois à la paranoïa de Lovecraft.
« Amba… » ; « La forêt transpire », Le vent est un homme puissant et dangereux ».
C’est beau, c’est puissant, c’est dense et très profond.
Et Kurosawa sait filmer. C’est un fait et on ne le dira jamais assez.
On reste donc pantois devant les couleurs des paysages. Impression soleil levant vous dites ? Oui il y a des indigos qu’on dirait appartenir au maitre de Giverny, comme dans ce passage où les compères s’en vont sur un paysage d’apocalypse au couchant rasant, reflet boisé et terreux de l’instinct primal qui régnait sur cette partie du monde. Tout à la fois crépusculaire et tragiquement beau.
De quoi contenter tous ces esprits assoiffés de solitude et de liberté, de tatitchtchev à Tesson en passant par Radde. Même la camaraderie de cette joyeuse équipée d’éclaireurs est touchante. Toute comme la bande originale crée pour l’occasion par le compositeur soviétique Isaac Schwartz.
Alors oui, c’est un film de marche. Avec des moustiques et des fougères. Et une ode à l’humanité. Surtout une ode à l’humanité.
guiseblv
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le 26 juil. 2014

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guiseblv

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