Bertrand Tavernier a réuni autour de Michel Piccoli un beau casting notamment composé d’une bonne partie des membres de la troupe du Splendid. Et, s’ils n’apparaissent pas à l’écran, Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort ouvrent le film en interprétant « Paris jadis », ritournelle-critique de l’esprit des bourgeois-bohèmes parisiens. Incarnant un scénariste en panne d’inspiration et afin de se concentrer sur son travail, Piccoli loue un appartement dans un immeuble sans âme parmi tant d’autres dans un quartier en cours de reconstruction. De réunions de locataires en soirées diapositives, son personnage devient le chef de file des victimes de « l’urbanisme du mépris », de loyers et charges trop élevés. Pris entre luttes, menaces d’expulsion, chômage, voire suicide, les personnages secondaires sont bien caractérisés. La réalisation classique et minimaliste ne détourne en rien l’attention des spectateurs au fil d’un scénario embrassant de (trop ?) nombreuses questions sociales depuis les conséquences de la crise économique jusqu’au féminisme. Quarante ans après sa réalisation, ce film-manifeste jouit toujours d’une grande actualité à défaut de modernité.