Ce film doit autant à la force du scénario qu'à la qualité de son casting haut de gamme, de Jack Nicholson en cabotin sublime, à J.T. Walsh, Kevin Pollak, ou Kevin Bacon excellent dans un rôle de procureur militaire obtus et retors. Cet univers viril où règnent le sens de l'honneur et le sexisme est symbolisé par le personnage d'officier buté de Nicholson, incarnation terrifiante de cette armée sûre de son invulnérabilité et de sa suffisance. Tout tourne autour d'un procès, un genre fétiche à Hollywood, et les rôles d'avocats, de victimes ou de procureurs sont devenus des véhicules à Oscars pour toute star en mal de statuette, mais Rob Reiner ne livre qu'une seule grande scène de procès, à la fin du film, mais quelle intensité ! La joute oratoire de 15 minutes dans un prétoire entre Nicholson et un Tom Cruise obstiné, clôt un suspense rigoureux mené sur le fil du rasoir ; rien que cette scène rattrape tous les petits moments de flottement, même s'ils ne sont pas nombreux. C'est un film qui n'a peut-être pas l'originalité d'autres films de procès, mais il s'inscrit dans une tradition de l'efficacité à l'américaine, rejoignant les meilleurs du même style signés par Sidney Lumet ou Oliver Stone, c'est de la mise en scène tirée au cordeau, avec numéros d'acteurs à la clé et dénonciation de certaines dérives militaires, bref la mécanique parfaite.