Chronique d'un drame annoncé
Tout le monde a entendu cette histoire. Tout le monde sait comment elle se termine. Elle pourrait, comme n'importe quel drame relaté dans un journal télévisé, se résumer en deux lignes mais l'objectif du réalisateur n'est pas de raconter une histoire. Il s'agit juste de montrer comment des hommes ordinaires, pas des martyrs ni des héros, peuvent faire face à l'inimaginable.
Au début, le film nous propose de partager la vie de moines trappistes dans un monastère en Algérie: les prières, les repas, le travail, leur relation au monde extérieur mais aussi leurs faiblesses, leurs espoirs et leurs doutes. Inutile de dire que les spectateurs n'étant pas prêts à s'abandonner à ces moments contemplatifs resteront dès lors à l'entrée du film et n'auront que peu de chance d'y pénétrer par la suite.
Puis, dans ce paisible quotidien s'immisce insidieusement la violence. Alors, nécessairement impuissants, balottés entre l'angoisse et l'incrédulité, nous assistons à l'effondrement morceau par morceau de ce monde que nous croyions désormais immuable. Il y a d'abord les rumeurs puis des articles alarmants dans les journaux, les mises en gardes des autorités. Et puis, débarquent les hommes en armes et la brutalité qu'ils engendrent. Signalons au passage aux spectateurs sensibles que les (très rares) scènes sanglantes, prises isolément, ne sont objectivement pas pire que ce qui est parfois montré à la télévision aux heures de grande écoute. Ce qui peut les rendre insoutenables, c'est la manière brusque et inattendue dont elles sont assènées. Elles ne sont néanmoins jamais gratuites mais participent à nous faire entrapercevoir l'inéluctable dénouement.
Pour conclure cette (toute première) critique (de ma part), je vais bien évidemment tenter de répondre à l'inévitable question : "Faut-il conseiller ce film ?"
Eh bien, oui, très probablement. Mais certainement pas à tout le monde.