Des hommes et des dieux par Foxart
Bien davantage que la religion et la résurrection, c'est "l'incarnation" et le courage des hommes à résister à l'oppression, au fanatisme et à l'obscurantisme politique et religieux, qui semble être le thème de ce beau nouveau film de Xavier Beauvois.
Cela parait d'autant plus évident que son succès surprise fait trembler le pouvoir d'aujourd'hui (cherchant à comprendre la désaffection des catholiques à son encontre, Sarkozy s'est fait projeter le film !) et rend le film si moderne et ancré dans son temps, malgré une histoire appartenant au passé et l'apparente austérité de ses personnages.
Humains, simplement humains, avec leurs doutes, leurs crises de foi, leurs faiblesses, leur courage, leurs lâchetés et leur humour, ces moines parviennent à nous toucher par le miroir qu'ils tendent à notre humanité commune.
Il faut saluer l'immense talent des acteurs qui portent le film sur leurs épaules et dans leurs regards que Beauvois filme souvent au plus près. Il conviendra de saluer les performances inoubliables d'Olivier Rabourdin, de Jacques Herlin mais surtout de l'incroyable Michael Lonsdale dont le personnage parvient à insuffler au film une dose d'humour et de canaillerie sans lequel il aurait pu apparaître un poil raide et sentencieux et qui déploie une palette de jeu proprement étonnante tout en restant d'une admirable sobriété.
Pour le reste, Beauvois sait filmer et n'a plus rien à prouver de ce coté là depuis Selon Matthieu et Le Petit lieutenant et le film se tient solidement de bout en bout semblant sans points faibles.
Il est simplement regrettable que je l'ai découvert un peu tard, après tant de louanges chantées à Cannes, puis par l'ensemble des critiques et blogueurs, ce qui, du coup, me faisait attendre une espèce de choc émotionnel tellurique que je n'ai pas vraiment ressenti.
J'ai certes été très ému par la scène magnifique du dernier repas et de ce mélange subtil d'humour et d'émotion qui nait de cette alchimie culottée entre ses regards, ces visages, ces rires, ces larmes et cette musique à la fois bouleversante et comique dans ce qu'elle évoque de la mort du cygne.
j'ai aussi été ébloui du talent de Beauvois et de ses acteurs et pourtant je n'ai été le plus souvent touché que d'une façon assez théorique...