Des hommes sans profondeur
John Hillcoat, c'est le genre de mec un peu touche-à-tout qui espère faire de grandes choses en traitant à peu près tous les thèmes pouvant affecter l'homme dans sa personnalité (la solitude, la barbarie & l'abandon dans "La Route", la folie & l'enfermement dans "Ghosts of the Civil Dead"). Il faut bien avouer qu'il est convaincant dans sa démarche, du moins la plupart du temps.
Car ici, en dépit de l'hommage & de la fidélité envers la période retranscrite (la prohibition), rien ne semble se dégager de ce film. "Des hommes sans loi" sonne creux, c'est une histoire simplette à l'intrigue classique, avec des personnages bâclés pour la plupart, à la limite du stéréotype. Alors j'accorde un certain crédit à Tom Hardy qui excelle & porte à lui seul toute la virilité, dans ce film, mais pour le reste, à part ma favorite qu'est Mia Wasikowska, malheureusement bien trop absente, on n'a le droit qu'à des épluchures d'acteurs, y compris le Guy Pearce qui n'est autre qu'une vulgaire caricature du vilain.
Alors s'il est vrai que le tout est divertissant, on regrette amèrement le fait que ce film soit destiné à un public large, car on y a finalement préparé une mélasse indigeste, à la fois western, drame, romance & film de mafieux. On commence par s'intéresser aux alcools produits, mais la scène suivante parle des corrélations entre frères & mafieux, puis lorsqu'on est pris dans le feu de l'action, le tout est interrompu par la mièvrerie amoureuse & peu fiable des deux relations entrevues au long du film. Il est objectif donc de parler de l'incomplétude de cette oeuvre, brisée en bribes indistinctes puis recomposée à tâtons.
On ne s'ennuie pas devant ce "Des hommes sans loi", c'est même un agréable moment ; il est déplorable, néanmoins, que le Hillcoat n'ait pas pensé à autre chose qu'à faire du fric lors du tournage..