Cette semaine me semble pauvre en sorties cinématographiques intéressantes. Après la déception It Comes at Night, l'horizon s'assombrit et seul la ressortie de Impitoyable de Clint Eastwood trouve grâce à mes yeux. Mais voilà, je connais le film et je sais qu'il va à nouveau me satisfaire. Face à mon hésitation, je me dis qu'il serait temps de donner sa chance à Vincent Macaigne dont j'entends le plus grand bien. Je prends la direction de la salle pour Des plans sur la comète et cela va plutôt bien se passer.


Le cinéma français n'est pas ma tasse de thé (de préférence à la menthe). Les comédies populaires sont insupportables, tout comme les drames. Ces films se regardent souvent le nombril ou jouent sur des ressorts comiques communautaires, faciles, lourds ou racistes. Bref, je les fuis dans les salles et parfois, je prends un peu de mon précieux temps pour les visionner lors de leurs passages à la télévision. Ils sont plus digestes grâce aux coupures pubs, alors que je déteste ce procédé. Cela permet de souffler, de ne pas être trop enseveli sous les grimaces ou pseudos bons mots, devenant aussi lourd que Christian Clavier (ce qui n'est pas si évident). Ce mercredi, on a eu droit à Bad Buzz (tu sais avec les deux gars pas drôle du Quotidien, Eric et Quentin), Le manoir avec des youtubers ou encore Les Ex, donc tout ce que je déteste ou du moins me laissant de marbre. Dans cette mode à la comédie potache où il ne manque plus que des rires enregistrés pour nous arracher un rictus face à tant de médiocrité. Il existe un autre cinéma que j'esquivais par manque de courage, en estimant ne pas être réceptif à ce genre de comédie avec une touche sociale.


Des plans sur la comète fait parti de ces films qui ne choisissent pas de se moquer des autres, en pointant leurs différences culturelles, origines ou autres aspects de leurs identités avec des blagues digne de Michel Leeb version 80's. Cela parle de ces gens essayant de survivre dans notre société actuelle en effectuant des petits travaux manuels, en occupant des postes dit alimentaires, en magouillant ou en allant jusqu'à prendre des risques pour atteindre leurs rêves. Le ton n'est pas au misérabilisme, mais à la légèreté à travers les rapports conflictuels de deux frères. Franck (Vincent Macaigne) et Michel (Philippe Rebot) s'adorent, mais ne sont pas très doués dans le domaine de la communication. Ils n'ont pas de vie de couple, ni même d'attaches. Ils vont là ou le travail les appelle, tout en espérant faire la rencontre de l'amour ou du moins, d'une certaine forme de bonheur. Michel l'exprime clairement, alors que Franck se cache derrière sa nonchalance, pour ne pas dire sa flemme. Ils sont tellement différents, qu'on a du mal à croire que ce sont des frères. Michel est un doux rêveur timide, alors que Franck est une grande gueule assez lâche. Mais finalement, ils sont tout les deux dans la même démarche, c'est juste qu'ils ne s'y prennent pas de la même façon.


Les personnages sont attachants. Au début, Michel et surtout Franck, monopolisent toute l'attention, avant que Michèle (Suzanne Clément) et Inès (Hafsia Herzi) fassent leurs apparitions. Ils ont tous des fêlures, bref ils sont humains et c'est surement ce qui les rend sympathique. Chacun à une source de motivation pour continuer à s'attacher à cette vie qui leur semble maussade. L'amour, un voyage autour du monde, l'argent ou le bonheur. Mais, ils transportent aussi avec eux des blessures du passé. Avec le temps, ce n'est pas évident de vivre avec les douleurs qui se sont accumulés dans notre esprit. On regarde le monde et les gens d'un œil différent, mais au fond de nous, il reste cette petite lueur d'espoir nous permettant de continuer à respirer. Le temps qui passe, les regrets, les pattes d'oie aux coins des yeux et les mensonges nous tourmentent, surtout que la société nous vend une certaine forme de perfection physique avec une forte pointe de matérialisme. A travers quelques échanges, nos "héros" parlent de notre société de consommation. Ils sont bien évidemment critique à son encontre, mais sans donner l'impression de nous faire la morale.


Vincent Macaigne m'a séduit par sa gouaille, ses expressions et intonations. C'est une gueule et face à lui, il a celle de Philippe Rebbot qui ne s'en laisse pas compter. Le duo marche très bien, il se complète à merveille dans deux registres totalement différents. Hafsia Herzi apporte un vent de fraîcheur auprès de ces vieux garçons, alors que Suzanne Clément se montre plus stable, du moins au premier abord. Les dialogues et réactions apportent de nombreux sourires, du moins au début. Après, le ton se fait moins léger ou plutôt cela fonctionne moins. Les personnages se montrent même parfois irritant et on se serait passer de l'abus de grossièretés. Cela fait parti du jeu parfois excessif de Vincent Macaigne, semblant souvent être en roue libre. Cela provoque une certaine dépendance à son encontre, le film en pâtit un peu et à l'image de ses deux frères émotionnellement instable, l'histoire tangue un peu dans tout les sens et perd de sa superbe au fil des minutes.


C'est un petit film sans prétention sur des galériens de la vie. On peut la qualifier de comédie sociale ou de feel-good movie, tant elle apporte un peu de tendresse dans la grisaille de notre société capitaliste.

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6
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le 26 juin 2017

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3 j'aime

Laurent Doe

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