- Les mecs, il se passe des trucs pas nets en ce moment dans le quartier, alors pensait à garder les yeux bien ouverts.
- C'est quoi ces bails chelou que tu racontes ?
Je passe une seule soirée avec vous, et des vampires et des gangsters cherchent déjà à me tuer
Des vampires dans le Bronx réalisé par Osmany Rodriguez et produit par Netflix, est une comédie d'horreur aussi sympathique que divertissante s'adressant à un public large qui remet au-devant de la scène le modèle typique des années 80 "bande de copains vs créatures des ténèbres", réhabilitée depuis quelques années avec la série "Stranger Things". Un vampire à Brooklyn, Vampire vous avez dit vampire, Génération Perdue, Friedrich Wilhelm Murnau pour Nosferatu le vampire (1922), John William Polidori pour la nouvelle Le Vampire (1819), la gravure de Vlad III alias "L'Empaleur", Bram Stoker, Salem de Stephen King, jusqu'au film Blade avec Wesley Snipes, les allusions et les références ne manquent pas pour un résultat réjouissant concentré autour d'une histoire simple mais efficace. Un récit situé dans le Bronx dans lequel un trio d'adolescents s'inquiète de voir la fermeture des commerces locaux en raison d'un développeur immobilier "Murnau Immobilier", qui s'étend à mesure qu'il rachète les magasins du quartier. Une couverture pour un nid de vampires qui cherche à s'installer durablement dans le Bronx pour prendre le contrôle d'une population pauvre qui ne manquera à personne. Seulement, le petit groupe d'adolescents, auquel personne ne croit, ne l'entend pas de cette oreille et s'improvise chasseur de vampires contre des morts-vivants immortels suceurs de sang.
Une intrigue décente autour de laquelle s'articule des petites sous-intrigues intéressantes offrant une profondeur inattendue bienvenue visant au-delà de la simple lutte du bien contre le mal. On retrouve des messages comme l'endoctrinement des enfants provenant de quartiers pauvres qui ne disposent d'aucun avantage financier permettant de s'émanciper des gangs. La transformation sociale par l'embourgeoisement des espaces populaires qui passent par la métamorphose de l’habitat, des commerces et de l’espace public jusqu'à remplacer sa population pauvre par une population riche. La religion au sein d'une communauté qui n'arrive plus à cadrer avec l'évolution des jeunes qui ne se sentent plus du tout concernés. Le passage de l'enfance à l'âge adulte... Des tentatives appréciables pour un résultat décent. Un périple occulte amusant avec des bons morceaux d'humour, de bravoure et d'horreur offrant un cocktail savoureux. On se retrouve à rire aux éclats devant les mésaventures de notre trio dont la menace première s'avère davantage être des mamans autoritaires, plutôt que des monstres. À contrario on se retrouve à frissonner devant des petites scènes d'horreur finement élaborée avec des victimes. La chasse au vampire a de quoi tenir en haleine avec une légèreté propre à l'esprit recherché, concentré autour d'une action généreuse qui joue avec ironie de certains clichés cinématographique autour des buveurs de sang.
Les effets spéciaux sont étonnamment bons, avec une ambiance générale soignée favorisant une atmosphère propice aux vampires sur une composition musicale appréciable. La conception des buveurs de sang est amusante sur un look romantico-gothique offrant un savant mélange entre le traditionalisme et la bestialité avec des effets plutôt cool. La symbolique des vampires s'articule autour d'une critique amusante sur un point de comparaison pas inintéressant autour de la cupidité, avec des représentants riches qui profitent d'une population pauvre et désemparée pour les évincer de leur quartier pour à la place y retranscrire leur monde. Le film réussi brillamment à dresser un portrait de ses trois personnages principaux "Miguel Martinez", "Luis Acosta" et "Bobby Carter" avec une bonne chimie que les performances agréables des jeunes comédiens "Jaden Michael", "Gregory Diaz IV" et "Gerald W. Jones III", finissent de crédibiliser. Un trio clownesque attachant rejoint par une distribution secondaire non négligeable, à commencer par Zoe Saldana qui vient nous faire un petit coucou dans la scène ouverture. Frank Polidori en tant que Shea Whigham avec sa bonne gueule de méchant fait le taf. Sarah Gadon que l'on a déjà pu voir dans Dracula Untold, en tant que nouvelle arrivante du Bronx s'en sort bien. Tony, incarné par The Kid Mero, servant de mentor pour le trio est vraiment cool. Le Père Jackson, joué par Method Man est drolatique.
CONCLUSION :
Des vampires dans le Bronx d'Osmany Rodriguez est une comédie horrifique modeste amusante sur un message social considérable offrant un divertissement savoureux, qui le temps d'une soirée fait le taff en garantissant aux spectateurs du rire, des frissons et de l'action. Un film popcorn distrayant avant tout adressé aux amateurs du concept "bande de copains vs créatures des ténèbres" qui dans les années 80 pullulaient le cinéma d'horreur. Parfait pour une nuit d'Halloween en compagnie d'enfants.
Pas de quoi casser trois pattes à un canard, mais de quoi passer un petit moment bien sympathique et c'est déjà pas si mal.
Nous allons vous exterminer jusqu'au dernier, comme la vermine que vous êtes.