J'essaye d'éviter les documentaires sur Israël, parce que ça ne m'intéresse absolument pas et surtout il y a forcément un parti pris, soit du peuple opprimé qui a besoin d'une terre après les horreurs de la seconde guerre mondiale, soit avec une justification biblique (ou les deux à la fois), ou bien soit antisioniste, mais il n'y a rien de réellement modéré, dans ce que j'ai pu voir jusqu'à présent. Il fallait bien Chris Marker pour me faire regarder un film sur ce sujet et sans être ce qu'il a filmé de mieux, c'est intéressant. J'aime, comme toujours, beaucoup le texte, qui s'il prend réellement parti pour l'existence d'un État israélien, n'oublie pas les arabes, mais outre la dimension nécessairement politique, montre surtout les gens.
Et j'aime assez ce côté limite accusateur que peut prendre la voix de Jean Vilar lorsque après avoir été assez élogieux sur la vie novatrice dans les Kibboutz, elle décrit le manque d'inventivité du reste des israéliens qui ont juste copié le modèle capitaliste occidental.
On voit donc ces gens, dans une période de calme relatif si j'en crois ma (mé)connaissance de l'histoire d'Israël, vivre. Ce n'est pas un document ethnographique, mais on les voit malgré tout simples, au quotidien, mener leurs tâches banales. Et finalement c'est ça le plus marquant, comme souvent chez Marker, réussir à aller dans des endroits du monde et montrer, avec certes un discours qui lui est propre et ses obsessions qui lui sont propres également, des gens, être des simples gens...
Bien que n'étant pas d'accord, j'ai trouvé toute la réflexion, limite poétique de Marker sur l'improbable existence d'Israël mais annoncée par la Bible, vraiment pertinente, même si, il y a un regard assez accusateur sur les allemands, français et anglais que je n'aime guère.
Notons cependant une anecdote assez cocasse puisque les anglais, au lieu d'aider les juifs à s'établir en Israël lorsqu'ils fuyaient l'Europe n'ont rien trouvé de mieux que de les mettre dans des camps.
Bref ça vaut le détour, peu importent les idées du spectateur sur Israël, ce qui compte ici c'est la poésie et les gens.