C’est le retour des vacances, je n’ai pas vu de film depuis 15 jours (bon, à part Hidden Strike avec Jackie Chan mais je n’ai pas envie d’en parler, c’était nul) et ça me manque un peu. Et que fait mon cerveau détraqué sur le choix du premier film à voir après 15 jours d’abstinence cinématographique ? Il pense DTV chinois. Bah que voulez-vous, c’est rarement hautement intellectuel (pile ce que j’avais besoin), ce n’est jamais très long (donc ça se cale n’importe quand), et même si c’est très rarement des chefs d’œuvre, ça fait souvent agréablement passer le temps. Un peu comme les séries B d’action façon PM Entertainment ou Cinetel qui sortaient en DTV dans les années 90, on savait que ce n’était pas du grand cinéma mais c’était divertissant. Bref. Mon dévolu se porte sur Desert Monster, dernière bobine en date, à l’heure où j’écris ces lignes, de Le Li-Ming, réalisateur de Ip Man Kung Fu Master (2019) qui a même eu droit à une sortie chez nous. Et c’était… assez moyen. En tout cas bien moins réussi que Mutant Tiger avec qui il partage pas mal de similitudes.


Si je cite en introduction Mutant Tiger, ce n’est pas un hasard. Desert Monster suit à quelque chose près la même construction que le film de Liu Wen-Pu. A en croire ce que j’ai pu récolter comme information sur le web chinois, ils ont été tourné l’un à la suite de l’autre. Ils auraient même été tournés dans le même studio de cinéma, au point qu’il est facile de voir que certains décors ont été réutilisés. La scène où les monstres attaquent la ville en grimpant contre le mur rappelle étonnement une scène similaire dans Mutant Tiger, mais avec des tigres. En soi, ce n’est pas bien grave, mais si comme moi vous regardaient les films à juste quelques mois d’intervalles, vous aurez sans doute cette impression de redite. On a vraiment cette impression ici de cahier des charges à respecter lorsqu’on fait un film de monstre pour les plateformes de DTV chinois et bien qu’il semble compliqué que Desert Monster ait repompé Mutant Tiger étant donné leur date de sortie relativement proche (à peine 2 mois les séparent), on sent qu’ils ont été fait dans le même moule. Mais alors me direz-vous, pourquoi ce Desert Monster écope d’un timide 5/10 là ou Mutant Tiger se paie le luxe d’avoir un 7/10 ? Pour plusieurs raisons à vrai dire. Bien que ses tigres en CGI n’étaient pas toujours très convaincants, Mutant Tiger avait une vraie direction artistique, une photographie vraiment travaillée, qui lui donnaient une vraie patte visuelle. Ici, nous sommes dans un produit bien plus quelconque qui a aucun moment ne cherche à se donner un style bien à lui. Ce n’est pas moche, c’est juste passe-partout. Et les CGI des monstres ont beau avoir été réalisés par l’équipe chinoise qui s’est occupée de ceux du blockbuster chinois The Wandering Earth, soit on ne leur a laissé que très très peu de temps, soit ils ont fait travailler les stagiaires. Mais une chose est sûre, c’est que le résultat n’est pas très très joli à voir. On sent l’envie de créer des monstres agressifs, qui font monter la pression, mais le résultat est clairement raté.


L’autre très gros problème de Desert Monster, ce sont ses personnages. Mutant Tiger avait pour lui un personnage central plutôt travaillé, avec une vraie évolution dans son arc narratif, et incarné par un Miu Tse (Blind Sword, Destruction of Opium at Humen) plein de charisme. Son personnage et ceux qui l’entouraient devenaient rapidement attachants. Dans Desert Monster, ils sont fades et tous calqués dans le même moule. Ce sont des gentils, ils vont faire le bien et ça s’arrête là. On n’éprouve jamais ce sentiment d’empathie pour eux et on se fiche du coup éperdument de leur sort. C’est pourtant eux qui sont censé porter un film. Alors oui, le trio d’acteur s’en sort pas trop mal en termes de jeu, la jolie Jin Ya-Na (la saga Wukong’s Diary) en tête, mais ce n’est pas suffisant. Et quel dommage une fois de plus que l’excellent artiste martial Xing Yu (Ip Man, The White Storm) soit sous-exploité. Il fait partie de ces acteurs martiaux qui sont arrivés trop tard dans l’industrie du cinéma de Hong-Kong et qui n’arrivent pas forcément à retrouver un second souffle dans l’industrie du DTV chinois pour les plateformes de SVOD. Malgré tous les problèmes cités ci-dessous, Desert Monster, par son rythme, par sa très courte durée, reste regardable. Les scènes d’action, bien que piquant les yeux à cause des CGI ratés, sont néanmoins dynamiques avec un réalisateur qui a malgré tout le sens du spectacle dans la manière de les filmer. Desert Monster se suit certes sans qu’il nous scotche à notre fauteuil mais il n’ennuie pas pour autant. C’est juste un divertissement lambda, qui suit sa route sans jamais à essayer de proposer quelque chose d’autre que ce qui est écrit dans son cahier des charges et qu’on a déjà vu 150 fois.


Desert Monster est un DTV comme la Chine en produit plein et qui n’arrive pas à sortir de la masse à l’inverse de Mutant Tiger qui, dans le même genre, avait malgré tout une proposition bien plus intéressante.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-desert-monster-de-li-li-ming-2022/

cherycok
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le 4 oct. 2023

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