Après avoir tenu le rôle d’Ali Soufan, véritable agent du FBI - témoin et acteur impuissant - face aux dysfonctionnements gouvernementaux américains menant aux attentats du World Trade Center dans l’excellente mini-série dénonciatrice “The Looming Tower”, l’acteur français Tahar Rahim est catapulté cette fois-ci, de l’autre côté du miroir sans tain d’une salle d’interrogatoire. Pour les besoins de “The Mauritanian”, titré bêtement en France “Désigné coupable” - allez savoir pourquoi ? - l’interprète principal de “Un Prophète” chez Jacques Audiard, se retrouve dans la peau de Mohamedou Ould Slahi, un jeune Mauritanien livré en pâture par son propre pays aux Américains quelques semaines après le 11 septembre 2001. Sans même avoir été inculpé et sans procès, Mohamedou va disparaître durant quatre ans entre les murs du tristement célèbre centre de détention de Guantanamo sur l’île de Cuba, avant que des pressions au sein la justice américaine face que l’on retrouve sa trace. Nancy Hollander (Jodie Foster), une avocate spécialiste dans les causes perdues, reprendra le dossier à son compte ! Au même moment, l’administration américaine, sous la pression de l’opinion publique - qui veut voir tomber les têtes des terroristes - mandate le lieutenant Stuart Couch (Benedict Cumberbatch) pour faire de Ould Slahi, un exemple. Une course contre la montre s’engage alors entre les deux parties ! Le réalisateur Kevin MacDonald (“Le Dernier Roi d’Écosse”) se fait le témoin d’un des pires scandales que l’Amérique post 9/11 ait connu, à savoir : le programme “Rendition”, une mesure d’exception effective depuis 1995, donnant le droit - par des opérations clandestines - d’enlever et de torturer des suspects en dehors des Etats-Unis, une aubaine en cette période de crise internationale. Dans la veine de “Rendition” de Gavin Hood justement, ou encore “Zero Dark Thirty” de Kathryn Bigelow, “The Mauritanian”, à la fois film de prison, biopic et drame, est un éclairage sans concession sur les dérives juridiques, politiques et guerrières - même si les trois sont liées - d’une nation en plein traumatisme. Aux travers de trois portraits, celui d’un jeune Musulman victime d’une des plus grandes chasses à l’homme de l’histoire, celui d’une avocate idéaliste et enfin celui d’un véritable patriote, Kevin MacDonald nous plonge au cœur d’une guerre qui ne dit pas son nom, plongeant le monde dans l'œil d'un cyclone géopolitique sans précédent !

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le 11 mars 2021

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