Il n’y a pas qu’en enfer que les salauds prospèrent, le Mexique aussi possède ses parasites. La criminalité y est bien installé, elle innerve les artères de tout le pays et quant on sait qu’il suffit d’une pomme pourrie pour gâter tout le panier, c’est au napalm qu’il faudrait assainir tous les quartiers. Pour mener la révolution, il a longtemps fallu compter sur El Santo, le héros au masque d’argent de la Lucha Libre. Cette figure au moins aussi emblématique que Pancho Villa a longtemps parlé aux enfants, mais sa popularité s’est effacé dans le contingent d’ennuies apporté par les cartels colombiens durant les années 80. Il fallait donc un nouveau lutteur pour assumer le rôle de pacificateur parmi les brebis égarées. C’est en 1992 que Robert Rodriguez propose d’iconiser la figure du mariachi en pistolero. Mais avec seulement 7000 malheureux dollars, le résultat n’est pas à la hauteur de ses espérances. Les studios Hollywoodiens auront néanmoins vent de la reconnaissance du film outre frontière ce qui va permettre au cinéaste de lever un budget 100 fois supérieur, histoire d’avoir des moyens en adéquation avec sa vision. Desperado sera ce que Evil Dead 2 fût à Evil Dead, une suite remake biberonné au cinéma de John Woo et porté par un acteur non moins talentueux mais encore inconnu du grand public malgré son style et son sex appeal.


Si l’introduction permet à Antonio Banderas de dévoiler son plus bel organe, son personnage n’écrit pas sa légende en chanson mais bien par la fureur de ses canons. Sa guitare, il l’a troqué contre des armes parce qu’il n’est plus en capacité d’en jouer depuis qu’un parrain lui a mutilé la main d’une balle de pistolet après avoir tué sa bien-aimée. Depuis, le musicien a décidé de se venger et de faire la guerre au cartel. Dans sa quête, il est aidé par un gringo du nom de Steve Buscemi, un bonimenteur de première qui se fait offrir des bières dans des bars miteux fréquentés par des gangsters. À chaque fois il ne peut pas s’empêcher de sortir le même refrain en leur racontant l’histoire du Mariachi se trimbalant avec un étui rempli de pétoires. L’histoire fini par hanter les esprits des hommes de mains les plus aguerris notamment lorsqu’un troubadour se présente pour jouer un air de mélodie. Cette légende urbaine participe à iconiser le héros dont on ne sait rien si ce n’est qu’il porte une veste avec un scorpion dessiné dans le dos, un motif que reprendra Refn à son compte dans Drive pour des raisons similaires. Tel son arachnide fétiche, le Mariachi est un être introspectif capable de pénétrer n’importe qui de son regard y compris la pétillante Salma Hayek qui fait tourner les yeux de tous les hétéros normalement constitués. Vous battez pas, elle est déjà maqué avec Pinault le PDG du Stade Rennais, de là à dire que les femmes latino sont toutes vénales, il n’y a qu’un shot de Téquila je n’avalerai pas.


Robert Rodriguez en profite pour développer son folklore dans un univers à peine décalé notamment avec des Mariachi armés d’étuis mitrailleurs ou de lance-roquette pour faire le ménage dans ce cloaque à ciel ouvert. Danny Trejo fait également une apparition dans la peau d’un tueur à gage qui préfigure son personnage de Machete. Quant à l’étui de guitare du héros celui-ci contient un double fond digne d’un gadget de James Bond ce qui lui permet d’échapper à la vigilance de ses ennemies pour effectuer une diversion et laisser exprimer la symphonie de ses fusils. Comme gunfight inaugural, on avait pas vu mieux depuis Hard Boiled, les tirs d’uzi ravagent littéralement le décor exploité dans son intégralité par les acteurs qui se livrent à des ballets acrobatiques sous un véritable récital de balles et de verres brisés. Outre la gestion parfaite de l’espace, la scène ne manque pas de gags mortels, les temps de recharge ne font qu’accentuer la tension qui va crescendo avant de se prolonger jusque dans la rue pour livrer un final paroxystique sous la bande son de Tito & Tarantula parfaitement caler à la partition. Prodigieux, Robert Rodriguez n’arrivera plus jamais à se hisser à un tel niveau de grâce absolu auquel son compère Quentin Tarantino ne pouvait s’empêcher d’y apporter son mot d’auteur avec une blague salace que le réalisateur ressortira d’ailleurs dans sa dernière commande de studio (Hypnotic). Grosso modo c’est l’histoire d’un mec qui pisse sur un bar pour gagner un pari idiot, et c’est totalement approprié à ce scénario. Les emprunts artistiques aux westerns spaghetti et aux polars hongkongais ne seront jamais un frein à la créativité de l’auteur qui s’en approprie les codes pour mieux les assaisonner à sa sauce qu’il relève d’une pointe de second degrés et de cascade démesuré. Le film vire ensuite à la rivalité fratricide ponctué par quelques séquences d’action bien senties, sans épargner la romance incontournable qui s’achève par un merveilleux couchée de soleil sur une route menant vers l’horizon. Le pistolero ne s’excusera jamais de son attitude macho et s’il décide de rendre les armes au détour d’une route abandonné, il ne pourra pas s’empêcher de faire machine arrière pour pouvoir les récupérer. La paix n'aura été que de courte durée.


Si t'as atterri ici, c'est que toi aussi t'es un vrai dur à cuire qui aime les films de bonhommes. Alors si t’en a marre des féministes et des sitcoms romantiques de ménagères, rends-toi sur l’Écran Barge où tu ne trouveras que des vrais mecs qui portent leur baloches et règlent leurs comptes à l'ancienne en flinguant des hélicoptère avec des bagnoles. De la testostérone, de l'action, des fusillades, et des explosions ! !! !! AVEC DES PATATES PUTAIN !

Le-Roy-du-Bis
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le 6 sept. 2023

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