Divine ayant des obligations pour jouer dans une pièce de théâtre, John Waters doit réaliser son premier film sans Lui/Elle. Et David Lochary étant mort d'une overdose peu de temps après Female Trouble, l'équipe habituelle se voit tristement réduite. Qu'à cela ne tienne, il ne va pas se laisser abattre et propose avec Desperate Living une sorte d'anti-conte de fée tout droit sorti de la benne à ordure.
En dehors des abonnés au casting de ses films, Jean Hills (180 kilos) fait sa première apparition en tant qu'aide-soignante de Mink Stole, en total nervous-breakdown la pauvre, qui étouffe le mari de cette dernière en s'asseyant sur sa tête. Elles vont toutes deux être obligées de fuir vers Mortville non sans avoir à subir les assauts d'un flic bandant pour les sous-vêtements féminins. Liz Renay joue quant à elle une lesbienne dure à cuire qu'il faut pas venir faire chier (faut dire que sa "vraie" vie est pas des plus joyeuses : petite-amie de gangster, elle fait 3 ans de prison pour refus de le dénoncer et profite de son séjour pour écrire deux bouquins avant de devenir strip-teaseuse et de tourner dans des séries Z plus ou moins rigomarrantes dont pas mal de films de Ray Dennis Steckler. Elle est décédée en 2007).
Mortville c'est donc le repaire de la lie de l'humanité, les parias d'une société qui ne veut pas les voir dans ses rues (la plupart joué par de vrais sans-abris trouvés ci et là). Pauvres, criminels, homosexuels, tous sont réduits à vivre dans des maisons en matériaux de récupération dont l'intérieur possède un décorum qui feraient palir les plus grands esthètes de ce monde. Et si ça suffisait pas, ils vivent sous le joug d'une reine cruelle (elle crée le Backward Day juste pour les voir marcher à reculons en portant leurs vêtements à l'envers et se foutre de leur gueule) et sa police SM toute de cuir vêtue.
C'est souvent hilarant, avec une toile de fond engagée et un côté presque punk qui fait plaisir à voir. Niveau réalisation pas de nette évolution (même s'il y a des travellings sur rail, incroyable !), on est pas là pour admirer les cadrages nom de nom ! Sûrement mon Waters préféré avec Pecker et Hairspray.
En cadeau bonus, on peut admirer les portraits de grands héros de notre temps comme Hitler, Amin Idi et Charles Manson. On les retrouvera dans Polyester.
Etat des lieux : bébé dans frigo, rat cuit, cannibalisme, tournante, meurtre, castration, tir de flingue anal, sexe lesbien anti-glamour (Jean Hill sur Mink Stole c'est particulier quoi).