Polyester par JohnFlichty
Wouhouh ! Le premier film en Odorama dis donc ! Un procédé qui nous est expliqué en introduction du film par un scientifique plutôt content de lui. Le principe ? Une carte avec des cases à gratter à chaque fois que le numéro correspondant s'affiche à l'écran. En plus de l'aspect gadget, Waters se permet d'en jouer lorsque par exemple le numéro 9 se met à clignoter à côté d'un bouquet de fleur à l'écran, aussitôt remplacé par une paire de chaussures malodorantes. Ahah ! Piégé le spectateur !
A vrai dire, une tentative de restituer des effluves avait déjà été tentée pour Scents of Mystery de Jack Cardiff en 1960. La tagline ? First they moved (1895)! Then they talked (1927)! Now they smell! Un film en "Glorious Smell-O-Vision!" que seuls les spectateurs new-yorkais pouvaient pleinement apprécier à l'aide d'un système de tubes en plastique accroché à chaque siège et propageant une trentaine d'arômes (vin, ail, tabac, banane, fumée de revolver...).
Polyester, réalisé 4 ans après Desperate Living, est plus soigné et plus carré que les précédents films du réalisateur, allant même jusqu'à utiliser la musique à des fins narratives et pas juste pour l'ambiance (cf. les apparitions de Tab Hunter, qu'on retrouve également derrière la chanson thème du film). Un aboutissement autant qu'un nouveau départ. Il nous dépeint la vie d'une famille banlieusarde type (en hommage aux films de Douglas Sirk, un de ses cinéastes fétiches). Enfin type... le père dirige un cinéma porno, la fille se dévergonde avec un maigrelet se prenant pour un gros dur et le fils se branle sur des photos de pied (se pourrait-il qu'il soit le.... mmmmmh). Seule la mère parait normale au milieu d'eux, étant jouée par Divine (qui fait comme d'habitude sa/son Divine) autant dire que la normalité a atteint un palier qu'il va être difficile de surpasser.
Comme pour ses précédents films (Divine dans Pink Flamingos et Female Trouble, Mink Stole dans Desperate Living), la mère est le personnage clé. Elle subit les pires outrages, est humiliée publiquement et tente tout son possible pour que sa famille reste soudée. C'est beau, j'en pleurerais presque. De rire. Parce que c'est drôle, pour de vrai. De toute façon un film avec un chien qui se pend au frigo en laissant un message a forcément compris ce qu'était le sens de l'humour.
Waters en profite pour disséminer ci et là des références au cinéma d'exploitation au porno et cinéma arty (Divine qui lit Les Cahiers du Cinéma donc), se fait plaisir se moque de l'avortement, de la mode, du mariage, des punks et nous offre un film qui fond sous la dent mais pas autant que le suivant.
Etat des lieux : rien de bien ragoûtant, en dehors des odeurs de four à gaz et de pets. C'est la fin d'une ère.