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Réalisateur de clips depuis 2007, pour entres autres The Fray ou The Offspring, Josh Forbes, après deux courts métrages, se lance dans la mise en scène d’un long métrage en 2015 avec le très moyen Contracted : Phase II, suite du très réussi Contracted (2013). Le succès n’est pas au rendez-vous, même dans le milieu des amateurs de bobines horrifiques, et Forbes revient quelques temps aux clips musicaux. En 2024, il retente sa chance avec une nouvelle bobine horrifique, mais en y injectant une bonne dose d’humour et de délire avec Destroy all Neighbors, diffusé au Festival de Gerardmer en ce début d’année 2024, avant d’atterrir sur la plateforme de SVOD américaine Shudder. Le résultat est-il meilleur ? Eh bien… non, même si le film se laisse malgré tout regarder sans déplaisir.


Destroy all Neightbors joue dans la même cour que le néozélandais Deathgasm dans le sens où tous les deux se moquent, tout en rendant hommage, à un courant de la musique métal, le métal progressif pour le premier, le death métal pour le deuxième. Mais là où Deathgasm réussissait à peu près tout ce qu’on entreprenait, on ne peut pas en dire autant de son homologue américain. Nous sommes ici dans du bon délire bien crado à base de sang, de vomi, et d’effets pour la plupart du temps en practical. Le réalisateur semble vouloir rendre hommage aux années 80 (mais aussi 90) et à tous ces effets spéciaux à base de latex, d’animatronics, parfois fauchés, avec ces filtres de toutes les couleurs (violet, rouge, jaune, vert, …), et même du stop-motion pour animer certains membres toujours « vivants ». Et il faut avouer que c’est sans doute ce qui sauve le film du naufrage et Gabe Bartalos, connu pour ses effets spéciaux / maquillages sur des films tels que Darkman, Leprechaun, Massacre à la Tronconneuse 2, Frères de Sang 2 et 3 ou encore Mutronics, fait un joli travail, à la fois délicieusement kitch et très efficace. Un bon délire gore donc, avec un réalisateur qui n’hésite pas à filmer en gros plans, par exemple, une lame de scie sauteuse découpant de la chair. Ça gicle pas mal, bien que ça aurait pu être bien plus gore, avec quelques moments bien grados mais toujours pour l’amour de la blague. On sent également l’amour du réalisateur pour ce cinéma horrifique des années 80 / début 90. On y retrouve du Evil Dead 2/3 avec cette main autonome un peu blagueuse, du Retour des Morts-Vivants avec un clin d’œil au zombie bavard, ou encore du Braindead avec cet intestin vivant. Lorsqu’on voit l’absurdité de certaines situations, on se rapproche parfois même de Troma.


Il s’agit avant tout ici d’une comédie, avec un humour assez slapstick et un casting qui s’en donne à cœur joie. Le casting est d’ailleurs plutôt bon, en particulier Jonah Ray en guise de héros qui ne cesse d’accumuler les morts accidentelles, se retrouvant malgré lui tueur involontaire en série, mais également Alex Winter, complètement grimé des pieds à la tête, qui semble prendre un malin plaisir à balancer des fions avec un accent russe. Malheureusement, Destroy all Neightbors est plombé par une intrigue qui, en plus d’être longue à démarrer, est au final sans grand intérêt et qui manque cruellement de profondeur. Qui est réellement ce Vlad qui ne semble jamais vouloir mourir ? Quelle est son histoire ? Pourquoi a-t-il cette faculté ? On sent que le film tente de faire de l’esprit sur le côté parfois sordide de l’ambition créative, mais il ne fait au final qu’effleurer le sujet. Même chose en ce qui concerne la relation compliquée entre le héros et sa compagne, rien n’a été fois pour qu’on ressente quelconque émotion. Et même la chute dans la folie totale du héros ne fonctionne qu’une fois sur deux. On sent que ce n’est pas ce qui intéressait le plus l’équipe lors de la conception du film et qu’ils avaient plus (+) envie de délirer avec leurs morts-vivants. Néanmoins, les scènes de « dispute » entre le gentil héros et ces bouts de cadavres sont éminemment sympathiques et font passer la pilule dans ce film à l’énergie chaotique qu’il vaut mieux prendre comme une série de moments WTF qu’on aurait mis bout à bout. A n’en pas douter, Destroy All Neightbors aurait été bien plus efficace avec une durée moindre, 35/45 minutes, façon film à sketchs.


Destroy All Neightbors souffre d’un manque de cohérence au niveau de l’écriture et du scénario, mais cela est compensé par les effets spéciaux practicals délicieusement kitchs. Le résultat n’est pas désagréable, mais demeure malgré tout assez moyen.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-destroy-all-neighbors-de-josh-forbes-2024/

cherycok
5
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le 14 mars 2024

Critique lue 26 fois

cherycok

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