Encore une géniale découverte, non pour son scénario une fois de plus tourné vers la propagande, mais pour sa réalisation dynamique et rythmée qui parvient à créer une remarquable tension.
On remarque tout d'abord les théories de Koulechov sur le montage lors de la présentation des personnages où son découpage laisse à penser que tout le monde dialogue dans la même pièce alors que la scène se déroule dans deux lieux distincts. Une manière habile de condenser les séquences d'expositions tout en posant immédiatement les enjeux dans les relations entre les personnages.
Le cinéaste semble vraiment avoir voulu privilégier ces derniers sur la simple dimension politique, prenant ainsi davantage de temps pour décrire le spectacle de cirque et sa communauté qui devient rapidement attachante (et pourtant l'univers du cirque me touche assez peu de manière générale). Ainsi quand les "blancs" attaquent la ville, le suspens n'est pas uniquement artificielle mais repose sur des vrais dilemmes.
La séquence où le père va supplier un général de libérer son fils condamné à mort, et doit pour cela se livrer un numéro comique, impressionne par son intensité dramatique et sa cinglante ironie.
Sa durée d'à peine une heure permet de ne garder que l'essentiel et d'aller assez vite sur les facilités du scénario (l'évasion du fils). Et surtout, la réalisation de Koulechov parvient toujours plonger le spectateur au cœur de la scène avec une très belle photo (les séquences nocturnes), une utilisation percutante des iris qui viennent accentuer les plans larges ou la science de montage lors du final où l'on ressent physiquement l'oscillation du trapèze.