Les 20-30 premières minutes laissent augurer le meilleur avec un dimension humaine et mélancolique qui me semble atypique pour un film de propagande de cette période. Les visages sont filmées avec une réelle attention et dans un très beau noir et blanc. On sent l’œil humide, la terre, la fatigue, la lassitude, la solitude et l'un des deux comédiens principaux (Mark Bernes) s'accompagne à la guitare pour une délicate et touchante chanson. Les scènes de bataille y sont aussi à taille humaine (sans doute pour des questions de budget) avec quelques plans larges qui font vraiment illusion sur l'échelle des combats, agrémentés de hors champs astucieusement exploités et parsemées de vraies trouvailles visuelles comme la silhouette des soldats progressant sous les toiles de camouflage. De plus le ton n'est pas trop solemnel ni guindé.
Passée cette longue introduction, le scénario se montre un peu léger avec un personnage féminin trop absent pour rendre crédible la brouille entre les amis tandis que le dernier acte se révèle plus prévisible tant dans le déroulement des péripéties (les deux camarades séparés dans les tranchés qui cherchent à se retrouver sous le feu ennemi) que dans son virement plus ouvertement patriotique, pas trop démonstratif cela dit et qui encore une fois n'oublie jamais ses deux héros.
Un supplément d'âme et de coeur qui donne envie d'être indulgent face à des lacunes narratives par si dommageable non plus.
Bonne pioche.