A priori la première projection de ce titre fut un gros échec et le cinéaste renia le film au point de nier son existence, expliquant pourquoi Deux êtres est à ce point méconnu et invisible. Il s'agit certes d'un film mineur mais qui n'a rien de méprisable pour autant.
Dreyer renoue avec le Kammerspiel avec une histoire se déroulant uniquement dans l'appartement familial, entre les deux acteurs et pratiquement en temps réel.
Le procédé manque tout de même de fluidité car chaque nouvel éléments relançant l'histoire arrive vraiment de manière mécanique pour un rythme particulier. On devine donc rapidement où l'histoire va nous conduire et à quelle vitesse sans jamais réussir à faire oublier son origine évidement théâtral.
Dreyer parvient tout de même à éviter le théâtre filmé avec une approche de l'espace assez originale en privilégiant les plans serrés. Il y a ainsi assez compliqué de savoir où se situent les personnages dans leur demeure, créant une certaine instabilité qui s'associe aux troubles s'emparant des personnages qui vont bientôt perdre leur repères et leurs acquis. C'est fait de plus sans style ostentatoire ni démonstratif avec le risque de posséder une photographie anodine. Il est par contre dommage de casser l'unité du film en intégrant un figurant dans la rue et surtout un flash-back n'apportant strictement rien à l'intrigue qu'on ne savait déjà à ce point. De plus la procédé pour éviter le montrer le comédien à l'image est plutôt maladroit. Un peu bête en tout cas.
Le jeu des comédiens est un peu affecté mais heureusement non maniéré. Ils sont tour à tour à hautain et froid et à d'autres moments plus touchants et "palpables" comme lors de la séquence finale qui fonctionne assez bien. Le style du cinéaste est moins marqué que d'habitude, avec surtout une absence des thèmes spirituels. Toutefois, sa manière de traiter les problèmes du couple est assez personnel et dans la lignée de plusieurs de ses films plus emblématiques.


Une œuvre pas aussi pleinement vibrante qu'on aurait pu l'espérer, régulièrement artificielle mais qui mérite d'être redécouvert.

anthonyplu
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le 16 oct. 2016

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