Un requiem contre la peine de mort fait de force tranquille, qui jamais n'en fait trop mais parvient avec une belle énergie finale, toute en retenue pourtant, à asséner un message radical qui étourdit quelque peu. La peine de mort semble lointaine, mais lorsque 2 hommes dans la ville sort sur les écrans en 1973, elle est toujours d'actualité, et ce pour les 8 années à venir. Il y a fort à parier, vu l'impact que ce film réussit toujours à provoquer aujourd'hui, qu'il a certainement fait couler beaucoup d'encre à l'époque de sa sortie.

Mais outre son côté très politique, Deux hommes dans la ville est également une superbe rencontre d'acteurs. Delon et Gabin se trouvent à chacun de leurs dialogues partagés, auxquels ils élèvent toute la puissance qu'ils ont déjà sur papier par un aplomb que peu d'autres acteurs ont. Gabin notamment, confirme une nouvelle fois ce magnétisme qu'on lui connait. Toujours dans la finesse, il lui suffit de donner du regard, de prononcer quelques mots avec son calme caractéristique pour qu'on lui donne instinctivement crédit. En Delon il trouve une belle répartie qui permet au film de fonctionner et à Giovanni de construire une très belle relation, sincère et touchante, entre les deux personnages, qui atteint son apothéose lors de l'échange de regard que se livrent ces derniers en fin de bobine. Plus puissant que des mots, il évoque avec émotion la détresse qui touche les deux hommes.

Deux hommes dans la ville désarçonne. En le mettant en route, je m'attendais à un petit film de truands à l'ancienne vu que je n'en connaissais pas le sujet. Je me suis vite rendu compte qu'en lieu et place de l'action j'allais trouver une belle tirade politique sur le système judiciaire français. Giovanni parvient à écrire une histoire prenante même s'il met en scène assez maladroitement le point de non retour que franchit Delon en fin du film. Ce moment est en effet un peu trop cavalier pour que l'on n'y croit vraiment, ce qui affaiblit un peu l'envolée émotionnelle qu'aurait du avoir ce passage. On pourra aussi regretter quelques attitudes un peu clichées des personnages secondaires qui viennent alourdir une histoire pourtant propulsée par un tempo assez juste.

Toujours est-il que malgré ses quelques maladresses, cet appel à l'abolition de la peine capitale sait se faire entendre alors qu'il ne donne jamais excessivement de la voix, Giovanni préférant faire parler les situations et les regards. Gabin et Delon sont le coeur de ce film, et rien que pour leurs échanges si communicatifs, il faut voir Deux hommes dans la ville, histoire de se rappeler, avec nostalgie, qu'on avait quand même, il y a quelques années, des monstres de charisme dans le cinoche français. Non pas qu'on n'en ait plus aujourd'hui, mais des mecs comme Gabin, pour n'en citer qu'un, me manquent tout de même terriblement :/
oso
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le 14 févr. 2014

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