Sur le papier, ce deuxième film de Lawrence Roeck ne sent pas bon du tout. On tente d’exploiter la ressemblance parfois frappante du fils d’une des plus grandes stars du western, je veux bien entendu parler de Clint Eastwood, en le mettant en scène dans un western, le tout sur le scénario d’un certain Carlos de los Rios. Ce nom ne vous dit certainement rien, et quelque part ce n’est pas plus mal, mais cet homme-là se cache derrière certains des pires mockmusters de chez The Asylum. Oui, The Da Vinci Treasure, King of the Lost World, Pirates of Treasure Island, ou encore War of the Worlds, respectivement versions lowcost de The Da Vinci Code, King Kong, Pirate des Caraïbes, et de La Guerre des Mondes, c’est lui ! Et rien qu’avec ça, on est en droit d’émettre quelques sérieuses réserves. Mais bon, comme on n’est pas à l’abri d’une bonne surprise et que la bande annonce montrait quelques images sympathiques, il faut bien parfois prendre son courage à deux mains et se lancer dans le bain. Bon ben mauvaise pioche hein…
L’âge d’or du genre western est révolu depuis bien longtemps mais malgré tout, de manière ponctuelle, certains s’y essaient et le genre parvient à travers les décennies en tentant de se renouveler, parfois tant bien que mal. Rien qu’en 2015, ce n’est pas moins de trois westerns qui auront fait parler d’eux : Jane got a Gun, avec Nathalie Portman, Bone Tomahawk avec Kurt Russel, et donc Diablo avec le fils d’une des figures emblématiques du genre, Scott Eastwood. Et ce dernier, pour apporter un peu de fraicheur, va tenter le mélange des genres. Diablo n’est au final pas un pur western, mais plutôt un mix entre le thriller psychologique, le film d’horreur et le western. Problème, Lawrence Roeck s’emmêle les pinceaux et le résultat est tout bonnement indigeste.
Alors oui, on soulignera l’hommage et non le plagiat envers le genre dont le réalisateur s’inspire. Oui, on soulignera la superbe photographie dont bénéficie le film, mettant en avant de superbes décors, des plans larges grandioses de paysages de provinces de l’ouest du Canada. Sauf qu’il s’agit des seuls points positifs de ce métrage qui, en plus d’être bancal sur presque tout, a eu les yeux plus gros que le ventre.
Tout sonne extrêmement faux, à commencer par son acteur principal Scott Eastwood qui, à trop vouloir marcher sur les traces de son père jusque dans certaines mimiques, tombe dans le surjeu, faisant perdre une bonne partie de la crédibilité à son personnage. Alors oui, sur certains plans la ressemblance est frappante (sur d’autres pas du tout), mais ce côté cheveux gominés, dents parfaitement blanches et expressions un peu trop forcées nous donne parfois l’impression d’être dans une mauvaise sitcom (c’est du moins la sensation que j’ai ressentie). Les scènes s’enchainent de manière parfois étrange. Pas de souci dans la chronologie des évènements, mais ça donne parfois l’impression que des scènes ont été mises bout à bout sans forcement de transition ou de liant. Le résultat n’est pas fluide, pas naturel, et, couplé à bon nombre d’incohérences, semble bâclé. Les dialogues n’ont aucune âme et la musique est complètement à coté de la plaque avec son côté grand spectacle alors que le film transpire le micro budget à chaque instant (oui, une tribu indienne composée de 4 membres dont un enfant, qui logent dans 2 pauvres tipis, ca fait cheap !).
Malgré la très courte durée, 1h23 générique compris, Diablo se paie le luxe de nous ennuyer. Il y a des longueurs, tout y est très classique, et même le twist arrivant au bout de la première heure ne nous surprend qu’à moitié tant on sentait que quelque chose clochait chez notre héros. On pourrait se dire que ce bouleversement pas si inattendu, transformant notre héros en antihéros, allait amener un peu d’adrénaline pour le final, une sorte de bon gros bain de sang qui sincèrement aurait été le bienvenu. Même pas, on se retrouve avec un pauvre échange de coups de feu merdique accentuant encore plus l’effet de pétard mouillé qu’on sentait tout de même venir d’entrée de jeu.
Diablo n’est sauvé du naufrage que grâce à sa très belle photographie. Tout le reste n’est qu’un vaste raté qui vous fera perdre votre temps. Si vous cherchez un bon western récent, préférez sans hésiter le Bone Tomahawk de S. Craig Zahler.
Critique avec images et trailer : ICI