On aime tous Johnny Cash, et j’adore Kirk Douglas. Ce Dialogue de feu entre les deux pouvait donc être… mais non, pas tellement.


La réalisation est absolument nanardesque, un bref coup d’œil sur la « filmographie » de Lamont Johnson fait d’ailleurs apparaître que son truc, à lui, c’était certainement plus la mécanique ou la pâtisserie, arrêtez de contrarier les rêves de vos gosses, de toute façon il n’y a plus de métiers sûrs, de nos jours. On verrait débarquer Girotti et Pedersoli on ne serait pas surpris, mais c’est Raf Vallone qui remplit le quota.


Sauf que le ton est à peu près dramatique, ce n’est pas du Bud et Terence, à la limite je préfère, d’autant que l’argument de départ n’est pas si bête, mais je sors de Nimitz, ça aide à relativiser. Jo et Izzy sont des desperados sur qui les pécores parient, il s’agit de savoir lequel des deux butera l’autre. Plutôt copains, ils en prennent leur parti, et relèvent le pari. Ils finiront même dans l’arène. Sur le papier, ça marche, comme histoire.


Les films avec chanteur ne sont pas nécessairement des réussites, quand Nelson ou Dylan tiennent des sixièmes rôles ça peut éventuellement passer, quand on demande à Celentano ou Presley de tenir un film sur leurs épaules ça marche moins. Johnny a une vraie gueule de cinéma, et de western sans aucun doute. Au niveau du jeu, je vous ai dit que le metteur en scène n’en était pas un, ou pas ? Alors, difficile de jeter la pierre à Cash, d’autant que son côté McLaglen m’intime le respect, ou la crainte, plutôt.


Kirk à moustache ressemble à mon père, mais on s’en fout, il ressemble surtout à un acteur formidable qui commence une dégringolade de carrière assez impressionnante, et qui, mais je l’aime d’amour et ne peux être objectif, m’étonne quand même pas mal. Il est vrai que son physique difficile mais néanmoins possiblement séduisant est en train de devenir quelque chose comme horrifique, et on sent que la mort approche (hein ? mais non, il n’est pas encore vivant, c’est comme Jeanne Calment, c’est une arnaque de Michael pour toucher une double retraite). Il me reste quelques films des années 70-80 à voir, j’espère qu’il y aura de belles surprises, parce que sinon je ne comprendrai vraiment pas ce que lui et/ou les producteurs ont fait des subtilités de jeu dont il était capable et qui auraient compensé la dégradation physique sus-évoquée, possibilité que n’aura pas, par exemple et au hasard, le rejeton sus-nommé.


Je ne parle pas du film… Eh bien, parce que, malgré donc une bonne idée de départ et un duo à fort potentiel, c’est mauvais. C’est laid, c’est lent sans pour autant prendre son temps, il y a de la place pour soixante scènes déjà vues mais qui auraient le mérite de combler le vide, et bien non, on laisse le vide, Johnny joue au poker pendant que Kirk joue de l’harmonica, ayez au moins l’opportunisme de faire l’inverse, c’était facile ça, mais non, même pas. La poule de saloon est toute déplumée, les dialogues se prennent au sérieux alors qu’il n’y a vraiment pas de quoi, et tous les seconds rôles sont mauvais, Raf, torna presto !


Quand la scène de l’arène arrive, on se dit que ce serait le moment pour l’équipe du film de justifier la gratuité des tacos de la cantine. Malgré une astuce de scénario là encore pas idiote, ce que cela donne à l’écran est… Je vous laisse le découvrir, mais ne vous le souhaite pas.

DuanerTeuguaf
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le 18 janv. 2019

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Duan

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