Si un jour des scientifiques, inconscients et fous, décidaient de fusionner ensemble Cristiano Ronaldo et Neymar da Silva Santos Júnior, le résultat ressemblerait certainement à Diamantino, joueur de foot vénéré tel un Dieu dont on scande le nom dans les stades, une âme d’enfant encore et un quotient intellectuel limité. Héros malgré lui du film barré de Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt (mais où sont-ils allés chercher cette idée de chiots géants à poil long évoluant dans un océan de mousse rose pour évoquer le jeu et le dribble de Diamantino ?), ce Diamantino-là va vivre des aventures pleines de bizarreries et de dangers qui, surtout, le conduiront à découvrir l’amour (et le sexe qui va avec).


Fourre-tout et inclassable, Diamantino parle de tant de choses à la fois (voire un peu trop) que l’on se demande comment Abrantes et Schmidt ont fait pour réussir une œuvre si foisonnante, inventive dans son scénario comme dans sa forme. Satire politique, thriller complotiste, histoire d’amour, drame familial, étude de mœurs, crise des migrants, délire footballistique et théorie du genre, à peu près tout y passe. Le film paraît se construire à la manière d’un puzzle ou d’une charade pour former à la fin une espèce de conte pop et kitsch (les deux sœurs harpies, sorties tout droit de chez Perrault) qui, dans son exubérance, n’oublie jamais de porter un regard critique sur notre monde.


Un monde en roue libre, perdu dans ses excès et ses contradictions. Un monde où, face à ces cultes en pagaille (populaires, religieux, de personnalité…), ces carcans et ces montées des extrêmes, Abrantes et Schmidt érigent les sentiments (et une certaine forme d’innocence) comme un rempart à celui-ci. Et nous offrent, au passage, l’un des plus beaux moments queer de cette année où une star du foot, modèle hétérosexuel par excellence, vierge et à qui il a poussé des seins de femme, embrasse et caresse au clair de lune une journaliste lesbienne se faisant passer pour un jeune réfugié du Mozambique. Almodóvar peut aller se rhabiller.


Article sur SEUIL CRITIQUE(S)

mymp
7
Écrit par

Créée

le 26 nov. 2018

Critique lue 406 fois

5 j'aime

mymp

Écrit par

Critique lue 406 fois

5

D'autres avis sur Diamantino

Diamantino
mymp
7

L'ego du stade

Si un jour des scientifiques, inconscients et fous, décidaient de fusionner ensemble Cristiano Ronaldo et Neymar da Silva Santos Júnior, le résultat ressemblerait certainement à Diamantino, joueur de...

Par

le 26 nov. 2018

5 j'aime

Diamantino
Enjoymovie
6

L'ovni portugais de cette année

Diamantino est une comédie portugaise réalisée par Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt. Tous deux ont déjà réalisé plusieurs courts-métrages mais ils ont décidé de se lancer ensemble pour leur premier...

le 5 déc. 2018

3 j'aime

Diamantino
seb2046
7

Gazon onirique...

DIAMANTINO (14,4) (Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt, POR, 2018, 92min) : Voilà donc un film ovni complètement déjanté ! Cette expérience cinématographique livre une détonante farce sur la...

le 7 déc. 2018

3 j'aime

Du même critique

Moonlight
mymp
8

Va, vis et deviens

Au clair de lune, les garçons noirs paraissent bleu, et dans les nuits orange aussi, quand ils marchent ou quand ils s’embrassent. C’est de là que vient, de là que bat le cœur de Moonlight, dans le...

Par

le 18 janv. 2017

182 j'aime

3

Gravity
mymp
4

En quête d'(h)auteur

Un jour c’est promis, j’arrêterai de me faire avoir par ces films ultra attendus qui vous promettent du rêve pour finalement vous ramener plus bas que terre. Il ne s’agit pas ici de nier ou de...

Par

le 19 oct. 2013

179 j'aime

43

Seul sur Mars
mymp
5

Mars arnacks!

En fait, tu croyais Matt Damon perdu sur une planète inconnue au milieu d’un trou noir (Interstellar) avec Sandra Bullock qui hyperventile et lui chante des berceuses, la conne. Mais non, t’as tout...

Par

le 11 oct. 2015

162 j'aime

25