Je garde un souvenir assez flou de la mort tragique de la Princesse Diana. Les images de l’accident et ce qu’on en a su à ce soir d’août 1997 : la sortie du Ritz, le pont de l’Alma et l’accident. Dans mon souvenir, Patrick Poivre d’Arvor commentait énervé des images montrant les paparazzis la pourchassant dans Paris. C’était il y a seize ans déjà.
Diana Spencer a épousé Charles, Prince de Galles et prétendant à la couronne britannique en 1981. Ne supportant pas la vie de la cour, elle connaitra de nombreux problèmes conjugaux et familiaux pour finalement trouver refuge dans les oeuvres caritatives, notamment ce qui concerne le SIDA ou les mines anti-personnelles. Charismatique, engagée, elle est devenue une des femmes les plus célèbres du 20e siècle adorée par le monde entier mais surtout par le peuple britannique. Elle se sépara de Charles en 1992 pour divorcer en 1994.
Ce sont les dernières années de sa vie que le film d’Oliver Hirschbiegel raconte.
S’ouvrant sur une séquence très longue montrant la Place Vendôme puis s’engouffrant sur la chambre de « Lady Di », le film commence par la fin montrant Diana de dos prête à sortir de l’hôtel et à s’engouffrer dans la tristement célèbre voiture. Puis on bascule deux années en arrière et on découvre une femme plutôt charmante, engagée, marquée par ses convictions mais bien seule. Jusqu’au jour où elle est appelée à l’hôpital en urgence, qui lui permettra de faire la connaissance du chirurgien cardiaque Hasnat Khan. Ils vont commencer à se fréquenter et Diana va, grâce à lui, peu à peu redécouvrir une vie à la fois simple et joyeuse. Khan a en effet un don particulier : il la considère comme une femme, pas comme celle qui aurait pu devenir Reine d’Angleterre. Il n’hésite donc pas à plaisanter, à vanner et ils s’amusent l’un avec l’autre. Le premier acte du film est donc une véritable comédie romantique, l’humour et la fraicheur des personnages faisant mouche et se révélant captivants.
Il faut dire que Hirschbiegel manie joliment la caméra et qu’il narre son histoire de manière suffisamment dynamique pour qu’on la suive avec plaisir. Le rythme est soutenu, les images très belles et Naomi Watts fait des étincelles. Le rôle, tout en retenue et manifestement très travaillé, devrait lui permettre d’être une nouvelle fois nommée aux Oscars cette année. A ces cotés, Naveen Andrews (surtout connu pour avoir incarné Saïd dans la série Lost) s’est autant impliqué pour son rôle -il a pris du poids volontairement- et tient la comparaison.
Petit à petit, la romance va virer au tragique et ce qui était mis en scène comme un conte de fée moderne, avec une vraie princesse, vire à la tragédie. Les médias traquent de plus en plus Lady Di et Hasnat ne supporte pas leur intrusion. Ils vont donc s’aimer et se déchirer pour mieux se retrouver encore et encore, usant de stratagème allant de se cacher sur le siège arrière d’une voiture à celui d’user un leurre pour attirer des photographes. C’est d’ailleurs ainsi qu’est présenté Dodi Al Fayed, comme quelqu’un qui a été manipulé pour mieux cacher la relation de Diana avec le chirurgien.
Reste à savoir ce qui est vrai et ce qui a dû être inventé. Le film est présenté comme extrêmement documenté et on peut croire que Hirschbiegel et ses équipes se sont plongés dans les journaux de l’époque pour retrouver des témoignages. Le réalisateur ne manque d’ailleurs pas d’inclure les témoins à l’image : un homme à sa fenêtre, une femme dans la rue… qui ont dû voir certaines choses.
Evidemment les scènes intimes entre Diana et Hasnat ont été imaginées car personne n’en a jamais rien su mais tout est fait avec grand soin. Aucune image d’archive n’est d’ailleurs utilisé, tout est minutieusement reconstitué pour coller aux photos qu’on a pu voir à l’époque.
On regrettera cependant de ne pas apprendre grand chose sur l’accident ni sur la part d’ombre que Diana pouvait avoir. Sans doute pour ne pas écorner l’image qu’elle a laissé dans le monde, le réalisateur prend le soin de présenter un personnage sans le moindre défaut, sans le moindre coté obscur. L’humour du personnage et son charisme (et le talent de Naomi Watts) nous permette d’éviter le personnage trop lisse mais on aurait aimé en savoir d’avantage. De la même manière, le réalisateur ne prend pas parti concernant l’accident et n’apporte aucun élément nouveau. A l’heure où l’on apprend que de nouveaux éléments sont en possession de la police britannique, on aurait aimé que le film se mouille d’avantage. Il n’y a d’ailleurs aucune image de l’accident et c’est à peine si le chauffeur, Henri Paul, est à l’écran.
Le film évoque donc de montrer Diana sous un mauvais jour, mais c’est sans doute le seul défaut qu’on puisse lui reprocher tant le reste est soigné et précis. Au final, c’est film romantique que l’on découvre, un conte. Un conte de fées qui finit mal. Mais dans la vraie vie.