Si l’on me payait sur Sens Critique pour dire du mal de Dikkenek, je n’aurais pas du mal à trouver pléthore d’arguments. Un grand nombre de gags tombent à plat, la provocation est parfois assez molle, et le scénario général est davantage fondé sur les apparitions récurrentes de stars que sur une quelconque dynamique, surtout au vu de la bluette insipide sur laquelle il s’achève.
Oui, oui, c’est vrai.
Il n’empêche. Cette comédie inhumaine rassemblant le pire de ce que la société a à nous offrir a quelque chose d’assez jubilatoire. Les deux partitions de Jean-Luc Couchard et François Damiens valent à elles seules le déplacement ; dotés de cette faconde belge à nulle autre pareille, oscillant entre l’ultra violence et la concupiscence, leurs personnages ne se départissent jamais de quelques formules de haut vol, abusant des phrases toutes faites et d’une assurance à laquelle ils sont les seuls à croire.
C’est cruel, cynique, acerbe, et, surtout, dénué de toute prétention en termes de dénonciation : les parenthèses enchantées du récit durant lesquelles on s’initie aux joies du triolisme avec les splendides Marion Cotillard et Mélanie Laurent en attestent : tout arrive, et la connerie est le mal le plus démocratiquement partagé, des ultra riches alcooliques aux piliers de bars en passant par les flics. Les scènes autour de Florence Foresti sont à ce titre particulièrement réussies, son personnage de flic lesbienne et raciste (idée assez géniale de recourir à des pochettes d’albums pour définir l’ethnie de l’agresseur) concentrant tous les paradoxes absurdes des personnages.
Affreux, sales et méchants, naïfs et spontanés, pervers et limités, les individus de ce petit bordel parfois informe savent à quoi s’en tenir : ça dure 1h20, durant laquelle tout est à peu près permis. Le plaisir qu’on peut avoir à entendre parler ces belges déjantés donne la ligne de conduite à adopter face au film : leur sens de la formule, leur accent et leur gestuelle importe d’avantage que leur propos.
(6.5/10)