#Bringbackourgirls
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le 13 oct. 2018
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Jusqu'ici chacun des films de Michel Ocelot était une petite pépite de couleurs, un conte bigarré dans lequel je me plongeai avec délice. Jusqu'ici.
Hier, je suis allée voir le nouveau né : Dilili à Paris. N'ayant entendu aucune critique ni lu aucun commentaire du film c'est avec le sourire que je m’apprêtais à recevoir les histoires des personnages ciselés d'Ocelot. Oui mais là : non.
La mayonnaise ne prend pas.
Difficile de savoir à qui la faute puisque tout le film m'a paru mou et sans saveur. Dilili est une petite fille fade et sans surprise, il m'a semblé voir un petit Kirikou assagi à la sauce princesse Disney. Durant tout le film, Dilili joue le rôle de fil rouge (jaune en l’occurrence) qui nous balade entre les étoiles du tout Paris. Oui mais voilà, ce ne sont que des figurants. Aucun des personnages ne semble avoir de relief et on se retrouve vite aux pays des bisounours. Elle se trimballe (et est trimballée) de moustachus en diva et de diva en moustachus. Ocelot semble vouloir présenter tous les parisiens belle époque aux jeunes spectateurs-trices, ce qui est sympatique mais qui n'aide pas franchement à saisir le propos du film. Ainsi, on entend les noms de Monet, Degas ou encore Toulouse-Lautrec, on entraperçoit Brancusi et ses copains mais aucun ne semble vraiment entrer en connivence avec Dilili et on s'apperçoit vite qu' 'il s'agit de personnages secondaires voire carrément de figurants.
Dilili essaye de nous transporter mais on ne sait pas bien où. Elle est indécise sur son avenir et nous sur celui de l'histoire. Il ne s'agit pas d'un conte comme M. Ocelot nous y a habitué mais d' un patchwork de... on ne sait pas trop quoi.
Dilili poursuit les mâles-maîtres (ce nom vraiment ??) et cherche à sauver les filles ! Une bien noble quête. Oui mais voilà, à la place de nous montrer des femmes fortes et rebelles comme il a pu le faire par le passé (je pense tout de suite à Karaba dans Kirikou, à la cinéaste de Prince et Princesse ou encore à la sorcière du même film !) Ocelot nous montre des femmes toutes plus fatigantes et stéréotypées les unes que les autres.
Nous avons donc dans le désordre :
- une Marie Curie qui fait de la tarte et sert le goûter aux enfants
- une diva qui explique à Dilili que, quand même, elle devrait être mieux habillée lorsqu'elle délivrera les filles (sic)
- des danseuses de cabaret sans autre fonction
- des femmes (renommées quatrepattes pour l'occasion) asservies au dernier degré
- des mondaines
- Camille Claudel, qui est présentée avec et par son mari. Quand on sait que le combat de sa vie était de se faire reconnaître autrement que comme la-femme-de cela prête à sourire.
Bref, aucun personnage féminin vraiment fort ce qui est dommage lorsqu'on essaie de donner un tonalité féministe à un film. Les égards sont nombreux et les femmes les plus engagées entendront surtout certaines phrases très maladroites à base de "not all men".
Les quelques scènes des mâles-maîtres s'asseyant sur des quatre-pattes vêtues de noir vous mettrons probablement comme moi extrêmement mal-à-l'aise et la symbolique de la burka est juste inévitable (mais pourquoi Michel ? pourquoi ? ). Ayant trouvé l'ensemble du film peu engagé j'ai du mal à croire qu'il s'agisse d'une dénonciation quelconque et je met ça sur le compte des (trop) nombreuses maladresses du film.
Heureusement d'ailleurs que les sièges des cinémas sont bien rembourrés et confortables car j'aurai pu tomber de ma chaise plusieurs fois. Comme lorsque le personnage repentant de Leboeuf (qui passe de raciste et sexiste à délivreur de petites filles et prince charmant) nous sort une petite tirade en nous expliquant ô combien les femmes à quatre-pattes sont avilies et ô combien les pauvres mâle-maîtres sont tout aussi malheureux : au secours !
Côté image que dire... Les couleurs sont belles et éclatantes (tout de même !) mais on ne trouve pas ni les motifs des contes de la nuit, ni les magnifiques yeux de Princes&Princesses, ni les paysages fabuleux et prolifiques de Kirikou, ni les vêtements fantastiques d'Azur&Asmar, ni, ni, ni.
Ou plutôt si ! On retrouve, dans le désordre toujours, des plans qu'on a l'impression d'avoir déjà vu ; ainsi, Dilili monte sur un guépard et se balade dans un jardin (là c'est Kirikou sur une bête sauvage), puis Dilili monte à bord d'un cygne géant et arrive sur l'eau (là c'est le jeune homme qui rentre dans le jardin de la sorcière dans Prince&Princesse), LeBoeuf découvre le mâle-maître (là c'est Kirikou qui découvre son grand-père le sage), un étrange engin fonce à toutes allures dans les égouts de Paris (là c'est la pirogue de Karaba), etc., etc....
Bref, tout à un goût de déjà-vu très désagréable. Seuls les collages de certains lieux emblématiques parisiens sembles frais et, pour dire vrai, on doute un peu qu'ils est la puissance magique qu'ont habituellement les aplats noirs sur les fonds multicolores !
Pour finir, Ocelot nous pond des dialogues catastrophiques qui, littéralement, décrivent ce qui va se passer à l'image voir carrément ce qui s'y passe !
Enfin pour les anxieux-ses, l'histoire se termine bien, on sauve les petites filles des mâles-maîtres et, attention (content warning) on leur offre à chaque noël pour proclamer leur liberté et leur joie de vivre : des robes de toutes les couleurs.
Je ne cache pas à toutes celles qui vont me lire que j'ai failli avaler mon chapeau.
Je sais que cette critique est très rude et je prendrai soin de revisionner ce film dans quelques mois et d'essayer d'en tirer quelque chose de plus positif mais imaginez la déception ! Quand je vais voir un Disney princesse, je sais dans quel traquenard je me fourre et j'accepte finalement plus volontiers le côté creux et sexiste de l'histoire mais là ! Un Michel Ocelot ! Dilili qui sauve les filles des mâles-maîtres ; comment ne pas être déçue et écœurée quand tous les personnages lui répètent qu'elle est belle et jolie pendant 1/3 des discours du film !
Alors, pour celles et ceux qui aiment comme moi Michel Ocelot, je propose que l'on diffuse une alerte enlèvement car clairement ce film s'est enfanté tout seul !
Créée
le 25 oct. 2018
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