On loue souvent de ce film l'analyse sociale à travers le découpage en strates de la population romaine (le peuple, les bourgeois, les nobles) à l'occasion d'un dimanche d'août au cours duquel tout le monde (ou presque) s'en va à la plage d'Ostie afin d'échapper à la chaleur étouffante de la grande ville. Moyens de transport, nourriture (qualité et quantité), type d'activités, langue parlée et sujets de conversation, plages accessibles sont autant d'indicateurs permettant à Luciano Emmer d'étayer sa présentation.
Mais disons-le clairement : les transitions entre chaque groupe social sont inexistantes ou bâclées; les micro-récits s'entrecroisent mais ne dialoguent pas forcément; le traitement des différences sociales est assez simplifié et simplificateur, semblant souvent une vulgarisation de la lutte de classes (sans lutte toutefois); les personnages sont plutôt stéréotypés; enfin le point de vue d'Emmer selon lequel le seul moyen de passer d'une classe à une autre peut se produire en se «prostituant», c'est-à-dire au moyen de son corps, est non seulement pessimiste mais en plus trop réducteur, le déterminisme social l'emportant sur tout selon lui, même si l'on veut paraître supérieur à notre vraie condition.
Malgré tout, on passe un bon moment grâce à cette comédie aux airs de vacances au charme désuet et pleine de bonnes intentions qui nous fait échapper à la routine, à l'image de ses personnages.