British clafoutis
C'est une comédie à l'anglaise, frisant parfois le vaudeville made in France, mais avec ce qu'il faut d'humour bien britannique. Un huis-clos dans une belle demeure de style georgien, située dans le...
Par
le 24 juil. 2024
2 j'aime
Prix spécial du Jury et Prix du Public au Festival de Dinard 2023, Diner à l’Anglaise fait partie de cette catégorie de films dans lesquels il vaut mieux se lancer sans avoir vu de bande annonce ou avoir lu de synopsis un peu trop bavard. Jouant la carte du quasi huis clos qui aurait croisé un vaudeville, un peu à la manière d’une pièce de théâtre, le film trouve sa force dans un rebondissement arrivant dans le premier acte et surtout dans les évènements qui vont en découler. Car il s’agit ici d’une comédie noire, comme les anglais en ont le secret, à l’humour incisif tranchant, parfois inconfortable, qui, bien qu’ayant un petit ventre mou, propose un divertissement sincèrement fendard qui plaira aux amateurs « d’inglisheries » façon Joyeuses Funérailles, Cadavres à la Pelle ou encore Secrets de Famille. Et bien qu’il ne sorte qu’en DVD chez nous chez Blaq Out, il ne faut pas hésiter à tenter l’expérience.
Les premières minutes du film nous présentent Jessica, une femme que les hôtes préfèrent ne pas recevoir pour le dernier diner dans leur maison avant qu’elle ne soit vendue mais qui s’est incrustée avec un autre couple d’amis. Beaucoup de jurons et de flirts lors d’un diner de la classe moyenne dans une banlieue de Londres qui nous fait penser qu’on sera dans une classique histoire de diner entre amis où des révélations vont casser la bonne ambiance un peu à la manière du film italien remaké plus de 30 fois, Perfetti Sconosciuti (2016), adapté chez nous sous le titre Le Jeu (2018) par Fred Cavayé. Sauf qu’ici, un gros rebondissement surgit de nulle part et le film va prendre une toute autre tournure, laissant le champ libre à l’humour (très) noir typiquement british pour s’exprimer de la plus belle des manières. A partir de ce moment-là, les personnages principaux devront faire face à une situation désespérée qui n’aura pas beaucoup de manière d’être résolue, tout en posant au spectateurs les questions « Sommes-nous prêts à tout pour protéger nos proches ? » et « Jusqu’où pourrions-nous aller pour protéger notre mode de vie ? ». Diner à l’Anglaise joue également la carte de la satire, une satire de cette petite bourgeoisie anglaise dans laquelle le réalisateur Matt Winn, également co-scénariste, va prendre un malin plaisir à mettre chacun de ses personnages au pied du mur pour voir jusqu’où ils iront, révélant les vulnérabilités de chacun et les vérités cachées grâce à un scénario certes parfois un peu cliché dans ce que cachent les personnages, mais malgré tout suffisamment malin pour ne pas tomber dans le classicisme et le déjà-vu. La mécanique d’amener régulièrement un nouveau personnage temporaire (une voisine fouineuse, des policiers maladroits, …) un peu à la manière d’un vaudeville permet de maintenir l’intérêt, aussi bien dans la tension de certaines situations que dans les rires qui arrivent parfois quand on s’y attend le moins.
Egoïsme, mensonges, rebondissements, révélations, tout sera prétexte à mettre les personnages dans des situations inconfortables pour le plus grand plaisir du spectateur, et Matt Winn arrive à maintenir presque tout le long cet enchainement de dialogues bien écrits, de gags décalés parfois presque slapstick et de tension compte tenue de la situation dans laquelle se trouvent les personnages. « Presque », car malgré sa courte durée de 1h30, il y a peut-être 10 minutes à la fin du deuxième acte pendant lesquelles Diner à l’Anglaise se montre un peu plus laborieux dans son rythme, 10 minutes pendant lesquelles le film ne semble plus trop s’il doit être une comédie noire décalée ou quelque chose de plus dramatique. Mais malgré cela, le spectacle est des plus délicieux et cette réussite, outre la bonne écriture et la mise en scène plutôt solide de Matt Winn, on la doit clairement au talent des personnages. Le quatuor formé par Alan Tudyk (Tucker and Dale vs Evil), Shirley Henderson (la saga Harry Potter), Rufus Sewell (Dark City) et Olivia Williams (Sixième Sens) est assez savoureux, bien que Tudyk semble parfois un peu en retrait (peut-être volontairement pour coller à son personnage), et les crises d’hystérie de chacun ont quelque chose d’assez jouissif, tous semblant s’amuser comme des petits fous à incarner ces personnages acculés par la problématique qu’ils ont finalement généré eux-mêmes, obligés d’entreprendre des actions ridiculement invraisemblables, parfois à la limite du burlesque. La réalisation sait appuyer l’humour quand il le faut, à grand renfort d’une bande son complètement décalée afin de justement souligner le côté parfois improbable de certaines situations. Alors oui, c’est certains, les britanniques ont déjà pondus des comédies noires bien plus cultes, mais Diner à l’Anglaise fait du bien par où il passe.
Diner à l’Anglaise est une comédie noire qui tient autant en haleine qu’elle fait rire, un savoureux mélange au ton enlevé dont les britanniques ont le secret, le genre de divertissement parfait pour une petite soirée détente.
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-diner-a-langlaise-de-matt-winn-2024/
Créée
le 27 déc. 2024
Critique lue 5 fois
D'autres avis sur Dîner à l’anglaise
C'est une comédie à l'anglaise, frisant parfois le vaudeville made in France, mais avec ce qu'il faut d'humour bien britannique. Un huis-clos dans une belle demeure de style georgien, située dans le...
Par
le 24 juil. 2024
2 j'aime
Vendu comme une excellente comédie britannique, ce film, s'il est loin d'être totalement raté, n'atteint pas autant les sommets du genre. On est loin d'un "Joyeuse Funérailles" ou d'un "The full...
Par
le 28 juil. 2024
1 j'aime
On aurait aimé sans doute plus de suspense ou plus de mystère mais le récit n'est pas basé sur une intrigue plus ou moins policière, au contraire il se focalise sur les liens entre les personnages,...
Par
le 23 juil. 2024
1 j'aime
Du même critique
Très hypé par la bande annonce qui annonçait une comédie française sortant des sentiers battus, avec un humour noir, méchant, caustique, et même un côté gore et politiquement incorrect, Barbaque...
Par
le 31 janv. 2022
22 j'aime
Cela faisait plus de quatre ans que Stephen Chow avait quasi complètement disparu des écrans, aussi bien en tant qu’acteur que réalisateur. Quatre ans que ses fans attendaient avec impatience son...
Par
le 25 févr. 2013
18 j'aime
9
Ceux qui suivent un peu l’actualité de la série B d’action bien burnée, savent que Scott Adkins est depuis quelques années la nouvelle coqueluche des réalisateurs de ce genre de bobines. Mis sur le...
Par
le 3 juil. 2019
17 j'aime
1