Exodus
Alors qu'il sort du succès de RoboCop, Paul Verhoeven partage avec le scénariste Walon Green en 1988 l'idée d'un film d'animation image par image racontant le combat à mort entre deux dinosaures...
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le 29 avr. 2017
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Alors qu'il sort du succès de RoboCop, Paul Verhoeven partage avec le scénariste Walon Green en 1988 l'idée d'un film d'animation image par image racontant le combat à mort entre deux dinosaures jusqu'à la chute d'un astéroïde détruisant toutes vies sur Terre. Le réalisateur refile le concept à Disney en espérant un financement mais le studio, craintif du résultat commercial et du coût que cela impliquerait, préfère abandonner le projet après quelques temps d'hésitation.
C'est alors que débarquent deux films qui vont relancer l'intérêt du grand public pour l'ère du jurassique: Le Petit Dinosaure et La Vallée des Merveilles dont l'exploitation sur le marché vidéo s'avérera fructueuse mais aussi et surtout Jurassic Park. Les Studios Disney entendent bien profiter de cet engouement et prévoient un film muet en plaçant une partie des animateurs de Walt Disney Feature Animation spécialisés dans les images de synthèses et la société d'effets spéciaux Dream Quest Images derrière la conception du film.
Petit hic, Michael Eisner intervient, bon vampire qu'il est, sur le développement du long-métrage et ordonne aux équipes de Disney Animation de faire parler les personnages, sans quoi, le film pourrait être un bide difficile à encaisser, le budget approchant tout de même les 127 millions de $. Dinosaure perd de suite tout ce qui aurait pu le rendre différent de la concurrence d'un point de vue narratif. Ne reste alors que la proposition technique alléchante pour attirer les spectateurs dans les salles.
J'ignore s'il s'agit d'un coup de gueule astucieusement dissimulé par les réalisateurs mais Dinosaure, malgré sa direction très claire, est pensé comme un film sans dialogues. Si on s'amuse à couper le son, on se rend compte que tout le blabla entendu ne sert à rien. Ce qui fait avancer l'histoire ce ne sont pas les mots mais les actions des protagonistes qui sont représentées par l'image. Et on peut appliquer cette réflexion sur chaque passage du film.
En-dehors de l'ouverture unanimement acclamée car se déroulant sans la moindre parole et reprenant un lyrisme nous rappelant les plus grands moments de Fantasia sur une musique sensationnelle de James Newton Howard, les moments-clés de Dinosaure utilisent le même langage visuel. La tombée du météore fonctionne car la séquence opte pour le silence avant le vacarme (ça plus la photographie qui insiste fortement sur le mélange des couleurs quand l'astéroïde frappe le sol), la découverte de la Horde par Aladar où le héros voit pour la première fois d'autres espèces que la sienne et ne dit pas un mot en avançant dans le sens inverse du mouvement du groupe, celui-ci voulant rattraper la troupe mais s'arrêtant net en voyant les plus vieilles être trop lentes pour suivre la marche. Etc.
Les répliques n'ont aucune utilité dans le récit et ne donnent pas plus de force aux passages les plus importants. Mieux encore pour le constater, Dinosaure ne nous laisse aucun indice sur la situation géographique de la planète ou le passé des personnages. La météorite s'est écrasée mais a-t-elle touché le reste de la carte? Est-ce la première à être tombée? La horde est-elle récente ou existe-t-elle depuis longtemps? Ces créatures se connaissaient-elles auparavant? On ignore tout de ces vertébrés, ils ne parlent pas de ce qui les unie ou de ce qu'ils apprécient chez les autres, seul leur esprit de solidarité les pousse à être ensemble pour survivre dans un monde en désolation.
Dinosaure peut être encore plus frustrant par ce choix mais c'est aussi ce qui le rend intéressant, les émotions sont très souvent contenues, pas de cri de joie, pas de pleurs, des paysages ternes et morts, presque proche d'une vision apocalyptique, le film est plus dur que les précédentes productions du studio et cela s'exprime jusque dans la violence. Quand un archosaure se heurte à un matériau, on voit le sang, on voit la blessure, même la plus infime. Quand un combat s'engage, les morsures sont visibles. Quand un dinosaure est dévoré, on voit la carcasse. Rien n'est caché même pour un tout petit choc.
L'histoire, mélange du Petit Dinosaure et de Moïse, est embellie par des plans majestueux où les dinosaures créés numériquement s'intègrent magnifiquement aux décors en prises de vues réelles (bien que quelques maquettes ont été construites). Même si cela a inévitablement pris de l'âge, le travail des équipes de Disney force le respect, les lumières sont parfaitement raccordées aux organismes de ces "grands lézards" et la gestuelle de ces derniers est impressionnante malgré les libertés prises sur les mouvements des corps afin que leurs expressions soient plus humaines.
Ralph Zondag et Eric Leighton profitent de leur décor pour proposer un bestiaire diversifié qui arrive parfois à faire oublier à Dinosaure son sentiment de déjà-vu dans sa trame. Le seul dinosaure qui pue le plagiat est le Carnotaure (rebaptisé pour d'obscures raisons Carnataure) qui sent beaucoup trop l'envie de la boîte aux grandes oreilles d'avoir son tyrannosaure popularisé par Spielberg. Cela va jusqu'au dédoublement de sa taille normale et la repompe des plans les plus connus de Jurassic Park.
Dinosaure aurait sûrement pu être un grand film s'il avait été muet. Mais le placement extrêmement maladroit de dialogues et d'humour inutile l'ont empêché d'être plus qu'un divertissement passable aux yeux de tout le monde. Je lui porte, malgré ses erreurs, beaucoup d'affection pour son statut d'ultime essai de reconquête d'un public délaissant petit à petit les Classiques du studio. Un voyage vers la terre promise qui mènera pourtant Disney à son premier grand échec depuis longtemps et sa déchéance un an après.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les Classiques Disney, Ma collection DVD/Blu-Ray, Quand j'étais môme, je pensais que.., Walt Disney Studios en 2000 et Films vus ou revus en 2017
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le 29 avr. 2017
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