Diplomatie met à l'affiche deux des plus grands acteurs français en face à face. Un duo qui masquerait presque le nom du réalisateur que les plus cinéphiles repéreront. Volker Schlöndorff, le réalisateur palmé pour le génial Tambour que l'on avait perdu de vue, revient avec une nouvelle adaptation. Outre l’œuvre de Günter Grass, le cinéaste allemand s'est fait une réputation en adaptant entre autres Heinrich Böll, Marguerite Yourcenar ou encore Marcel Proust ! Ce nouveau film ouvre un autre débat, celui de l'adaptation théâtral.
Nous sommes à la fin de la Guerre, Hitler et les nazis sont quasiment vaincus. Le sort de Paris est alors entre les mains du Général nazi Dietrich Von Choltitz qui a reçu l'ordre de faire sauter la capitale. La nuit du 24 au 25 août 1944, le consul de Suède Raoul Nordling va tenter de le faire changer d'avis. Diplomatie s'appuie sur des faits historiques douteux mais qu'importe. L'Histoire permet de raconter cette confrontation entre deux visions du monde différentes. C'est une allégorie qui oppose deux conceptions du devoir. L'une fidèle aux supérieurs hiérarchiques, l'autre à ses états-d'âmes.
L’intérêt de ce duel est que, la tour Eiffel étant toujours debout, sa conclusion est connue d'avance. On se retrouve alors dans un véritable suspense hitchcockien où, au lieu de se demander ce qu'il va se passer, on se demande comment ça va se passer. Comment un homme aussi froid et déterminé que le Général Dietrich Von Choltitz va-t-il revenir sur sa décision ? Grâce à la justesse des dialogues et aux grandes interprétations des deux comédiens, on est tenu en haleine. On est alors en droit de se demander, si le plus gros intérêt du film réside dans les dialogues et le jeu des acteurs, pourquoi adapter cinématographiquement cette pièce de théâtre ?
La comparaison avec le chef d’œuvre du genre est immédiate, à savoir 12 homme en colère. Là où Sidney Lumet avait la prouesse de nous tenir en haleine pendant 90 minutes sans sortir de la salle de délibération, grâce à une mise en scène sans cesse inventive, Volker Schlöndorff fait vœux d'impuissance. Les quelques fois où la caméra sort de la suite et quittent ses personnages, témoignent de la faiblesse d'une mise en scène qui peine à se réinventer. Diplomatie n'assume pas le huis-clos jusqu'au bout.
Le palmé Schlöndorff n'a pas le même talent que son confrère Roman Polanski qui a su faire, avec son récent Vénus à la fourrure, du véritable cinéma en huis-clos à partir d'une pièce de théâtre. Diplomatie, lui, en faisant quelquefois traîner sa caméra dans les rues de Paris, n'a que l'ambition d'éviter le théâtre filmé.
Il y a donc des hauts et des bas dans cet adaptation efficace mais malheureusement trop peu ambitieuse. Dans cet affrontement de deux comédiens au sommet, ce n'est jamais l'Allemand qui gagne à la fin. Les deux acteurs français font de l'ombre à la réalisation de Volker Schlöndorff. Le réalisateur s'efface derrière l'interprétation de ses acteurs. Dans ce cas, pourquoi en faire du cinéma ? On est en droit d'en attendre un peu plus d'un film.