Ce qui est bigrement bien foutu dans ce court métrage, c’est l’association entre images de synthèse et prises de vues réelles, tellement réussie qu’on se demande parfois ce qu’on a devant les yeux, les deux types d’images s’interpénétrant de façon assez magistrale. On pourra notamment admirer un joli théâtre et surtout une magnifique ensemble urbain, quasiment château dans le ciel.
Malheureusement, comme souvent, la technique n’est pas tout, il faut un scenario, un propos, et c’est sur ce point que le film pèche. Un homme vit dans la rue, à moitié fou, il n’a plus le droit de voir sa fille, qui elle aimerait bien, car il est si fort au piano, elle aimerait bien apprendre, et c’est quand même son père, même s’il est atypique ! Un homme atteint d’une bizarre maladie psychique qui expliquerait son état. La musique adoucirait-elle les rapports sociaux ? En tout cas, je trouve le film bancal, avec un final manquant pour le moins d’inspiration.
On constate ainsi un gros décalage entre la créativité artistique et le fond qui reste superficiel et assez flou. Il y a une tentative, mais elle n’est pas poussée très loin, la priorité est aux effets stylistiques, et je trouve cela dommage. Les spécialistes sur le plan technique apprécieront sans doute le film, les autres peut-être un peu moins, même s’il y a un peu d’émotion, avec le doudou, la jeune fille, et la situation dramatique de cet homme qui semble perdu.
Le film a quand même le mérite d’une certaine originalité et d’avoir mis en avant une superbe ville en images de synthèse. Il a aussi été primé au festival d’Annecy pour la qualité de sa musique. Ce n’est déjà pas si mal.