District 9 par Zéro Janvier
Vous m'excuserez certainement pour ce mauvais jeu de mots, mais District 9 est un OVNI cinématographique, produit par Peter Jackson (Le Seigneur des Anneaux, King Kong) et réalisé par Neill Blonkamp dont il s'agit du premier long-métrage. Je suis allé voir ce film, poussé par quelques critiques positives par-ci et par-là et par le synopsis original :
Il y a vingt-huit ans, des extraterrestres entrèrent en contact avec la Terre. Ces visiteurs d'au-delà des étoiles étaient des réfugiés et furent installés dans le District 9, en Afrique du Sud, pendant que les nations du monde se querellaient pour savoir quoi en faire. Depuis, la gestion de la situation a été transférée au MNU (Multi-National United), une société privée qui n'a pas grand-chose à faire du sort de ces créatures, mais qui fera d'énormes bénéfices si elle arrive à faire fonctionner leur extraordinaire armement. Jusqu'à présent, toutes les tentatives ont échoué : pour que les armes marchent, il faut de l'ADN extraterrestre. La tension entre extraterrestres et humains atteint son maximum lorsque le MNU commence à évacuer les non-humains du District 9 vers un nouveau camp, en envoyant des agents de terrain s'occuper de leur transfert. L'un de ces agents, Wikus van der Merwe, contracte un virus extraterrestre qui se met à modifier son ADN. Wikus est à présent l'homme le plus recherché de la planète, celui qui vaut plus qu'une fortune : il est la clé qui permettra de percer le secret de la technologie alien.Repoussé, isolé, sans aide ni amis, il ne lui reste qu'un seul endroit où se cacher : le District 9 ...
Le cadre de ce long-métrage est donc une uchronie dans laquelle l'Histoire a divergé il y a vingt ans, quand le vaisseau extra-terrestre s'est immobilisé au-dessus de Johannesburg. La première partie du film est excellente : elle nous présente ce cadre original et la mise en scène sous la forme de reportages TV se prête parfaitement à l'exercice. On y découvre une ville de Johannesburg meurtrie par le rejet des extra-terrestres, on visite avec stupeur le fameux District 9 qui ressemble tant aux bidons-villes qui existent malheureusement dans notre réalité. Il est évidemment impossible de ne pas faire le lien entre le traitement des « crevettes » (c'est ainsi que sont surnommés les extra-terrestres dans le film) et la politique d'apartheid appliquée en Afrique-du-Sud de 1948 à 1991. Cette première partie est donc une formidable leçon d'Histoire et d'humanisme, comme c'est souvent le cas avec la science-fiction.
La suite est malheureusement moins réussie, quand l'action prend le pas sur le panorama socio-politique. Les excès de violence et d'hémoglobine ont toujours le même effet sur moi : l'ennui. La destinée du protagoniste principal ne m'a pas franchement intéressé, tant ce personnage m'a semblé antipathique puis ennuyant. Comble du ridicule : les dix minutes pendant lesquelles le « héros » prend le contrôle d'un simili-robot surpuissant, j'y ai plus vu l'assouvissement d'un fantasme du réalisateur qu'un élément déterminant pour le scénario. Entre deux membres arrachés et deux têtes explosées, j'ai tout de même apprécié certains moments plus agréables que d'autres, mais sans jamais retrouver l'intérêt du début. Si je dois retenir un point positif de cette deuxième partie, c'est la capacité du scénariste et du réalisateur à « humaniser » les extraterrestres : dans les dernières minutes du film, je crois que toute la salle se retrouve du côté des « crevettes » contre les méchants humains qui les agressent. Sacré tour de force compte-tenu de la laideur de ces créatures !
En sortant, le bilan était donc mi-figue mi-raisin : emballé par le début, j'ai finalement été déçu même si le film s'achève sur une touche poétique qui n'est pas désagréable. J'ai un peu l'impression d'avoir vu deux films en un, l'un très fort, l'autre moins intéressant, et je ne sais pas vraiment lequel l'emporte sur l'autre. A revoir, peut-être, lors de sa sortie en DVD pour savoir ce que j'en retiens finalement.