Wikus Van Der Merwe est un employé de la MNU, une agence chargée de la gestion des extraterrestres. Ceux-ci, surnommés « crevettes », sont confinés dans un immense ghetto, le District 9, depuis leur arrivée sur terre il y a 20 ans, à bord d'un vaisseau désormais en panne au-dessus de Johannesburg. Wikus a été chargé par son beau-père, un important responsable de la MNU, de superviser l'évacuation des extra-terrestres vers un nouveau camp, à 200 km de la ville. Son rôle est de notifier aux extra-terrestres leur avis d'expulsion.
Et c'est bien simple, ce film est la bombe de cette rentrée ! Produit par Peter Jackson, District 9 est une oeuvre riche, singulière, novatrice, jouissive, passionnante et surtout remplie de références. Car Neill Blomkamp s'est inspiré des plus grand films de science-fiction : Alien (un homme infecté par une substance extraterrestre), Predator (l'apparence des extra-terrestres et leur façon de communiquer), Starship Troopers (omniprésence des médias, humains plus violents et hostiles que les extra-terrestres), Robocop (le robot que dirige le personnage principal ressemble à ED 209), Cloverfield (faux reportage), Bad Taste (sauf que cette fois-ci, ce sont les humains qui mangent les créatures), la référence absolue étant sans conteste La Mouche de David Cronenberg. En effet, le personnage principal, touché par une substance extraterrestre, va petit à petit se transformer et devenir une de ces créatures.
Le traitement psychologique des personnages et notamment du personnage principal est parfait. Wikus van der Merwe est, au départ, un parfait loser : pourvu d'un nom ridicule, ressemblant à un Steve Carrell sorti tout droit de la série The Office ou de 40 ans, toujours puceau, Wikus est un Jean-Christian Ranu puissance 10, un grand niais qui a un avis sur tout, qui considère les extra-terrestres comme des handicapés mentaux et qui ne fait rire que lui à coup de vannes stupides ou de remarques débiles. Mais petit à petit, ce grand bêta de Wikus va se transformer physiquement et mentalement. Il va arrêter d'être un lâche et va enfin retrouver une humanité, devenant un super héros qui a de l'empathie pour les extraterrestres et qui va tout faire pour les protéger. Le chétif se transformant en héros vif et courageux : comment ne pas penser au Spider-Man de Sam Raimi ?
La référence à Starship Troopers se retrouve dans le traitement des protagonistes, qui est quasiment le même dans le film de Paul Verhoeven. Ici, les humains ont le mauvais rôle : ce sont eux les créatures hargneuses, ne pensant qu'à buter des extraterrestres et à foutre la pagaille. Seul le personnage de Wikus, du fait de sa transformation, va redevenir « humain » et montrer sa sensibilité. Neill Blomkamp, comme Paul Verhoeven, a inversé les rôles pour nous interroger sur le rôle de l'homme dans la société. Le film est une subtile métaphore sur le racisme, la ségrégation, le pouvoir des médias, la société de consommation, mais aussi sur la puissance des grandes multinationales (notamment les marchands d'armes).
En plus de nous offrir un scénario riche en réflexions et en rebondissements, Neill Blomkamp nous gratifie d'un traitement visuel fabuleux. Il superpose un style réaliste et documentaire (le faux reportage) avec des effets spéciaux grand cru (du jamais vu, en quelque sorte). Les créatures sont parfaitement représentées, tout comme le vaisseau faisant penser à un immense navire prêt à lever l'ancre. Neill Blomkamp combine visuellement le réel avec le surnaturel, ce qui permet d'appuyer encore un peu plus son propos.