Que dire de ce Discrict 9 sinon qu’il n’a rien des productions traditionnelles sur les extraterrestres. Plutôt du genre trash, à la Carpenter, Neill Blomkamp fait passer le message sans ménagement. Violence oblige… (mais quel talent)
Le « héros » (anti-héros devrais-je dire), Sharlto Copleya alias Wikus van der Merwe est initialement chargé de notifier aux extra-terrestres leur avis d’expulsion. Ce personnage, un peu bête et sans saveur, a priori, a soudain la malchance d’être contaminé par un virus le transformant peu à peu en ce qu’il traque. Pas de bon samaritain. Pas de personnage dégoulinant de convictions politiques. Seule l’expérience prime. Wikus devient aidant, touchant car il connaît à son tour le sentiment de rejet et de haine à son égard.
Pas non plus de grande invasion, pas de solidarité planétaire pour les chasser, pas de héros américain. Personne ne sauve la planète. La réalité et la simplicité des scènes de District 9 sont affligeantes. On pourrait croire que l’entité extraterrestre, menaçante, troublante, génère à elle seule cette violence et la justifie dans l’absolu. Sans compter que l’apparence effrayante de l’extraterrestre apporte une excuse de plus à la maltraitance.
Mais cette violence a bien existé par le passé, et entre êtres humains dont l’enveloppe charnelle n’avait rien de dégoutant s’il on est attaché à l’idée que l’humain est une belle créature. On sait bien que l’Homme en est capable. Le sort de ces extraterrestres, parqués comme des misérables en Afrique du Sud, a comme un goût d’appartheid vous ne trouvez pas ?
Incompréhension, peur des différences ou complexe d’infériorité finissent souvent par plonger l’Homme dans l’horreur. Des actes, des décisions et des messages inconsidérés (que l’on nommera hypocritement actes de défense ou même protection des minorités etc.), véhiculés grossièrement par des médias en quête de scoops et d’audimat, aboutissent à une ségrégation absolue.
Ce film dénonce, avant d’envisager l’existence de vies extraterrestres, l’ignorance, l’intolérance et la cruauté de l’être humain. Ce film transcende la science-fiction. Au lieu de nous propulser dans l’extraordinaire, il nous rappelle l’ordinaire, le Terrible Ordinaire. Nous n’aurons jamais été plus proche de la planète terre depuis ET (dans un autre genre).