En voilà de la SF. Mais pas n'importe quelle SF. De la SF qui fait réfléchir. "Mais c'est impossible, me direz-vous." BIEN SÛRE QUE SI BANDE D'IGNORANTS. Tous les films de SF font réfléchir. Un minimum du moins. Personnellement je me demande toujours si ce que j'ai vu dans un film est possible ou du moins crédible. Et bien je vais niquer tout le suspens dès le début: District 9 est putain de crédible. Petite précision.
Pour ceux qui n'ont pas vu le film et qui souhaiterais ne pas trop en découvrir lisez juste les premières lignes et la dernière partie et barrez-vous. Sérieusement vous risquez de ne plus avoir la même expérience que moi, la découverte du style du film, la surprise de l'originalité de l'histoire etc.
C'est mignon les crevettes non ?
Le scénario est assez complexe à expliquer. Pour essayer de faire simple. Un vaisseau extraterrestre stationne au-dessus de Johannesburg depuis 20 ans. Des aliens y ont été découverts et vivent parmi les hommes. Du moins au début. En effet les hommes ne les aiment pas à cause de leur caractère agressif et primaire (les pauvres aliens sont incompris). Le gouvernement d'Afrique du Sud décide donc d'isoler les aliens (aussi appelé crevettes même si perso je vois pas en quoi ça c'est une crevette) dans un quartier isolé: District 9. Retournons maintenant dans le présent (celui du film, pas le nôtre). Wikus Van de Merwe, que l'on appellera WVM parce que c'est franchement classe, travail pour le MNU, une multinationale bien friquée comme il faut. Le MNU donne à WVM une mission: faire du porte-à-porte chez les aliens pour leur dire de dégager dans un autre district construit à 200 KM de la capitale. WVM mène son expulsion avec succès jusqu'à ce qu'il tombe sur un objet. Il ouvre cet objet et reçoit un espèce de liquide noir sur le visage. (Gros spoil à partir de maintenant, partez !) C'est à partir de ce moment-là que le cauchemar commence. WVM commence à se transformer petit à petit en alien. Voilà ce qui se passe pendant les 30 premières minutes qui sont pour moi les meilleurs du film. La suite du film nous raconte la descente aux enfers de WVM. Il est utilisé comme cobaille, arrive à s'enfuir, se réfugie dans le District 9 et retrouve un alien qu'il avait interrogé la veille. Ils décident malgré eux de s'unir afin de récupérer le fluide afin que l'alien puisse retourner sur son vaisseau et retransformer WVM en humain. Je ne rentre pas trop dans les détails. Il y a pas mal de rebondissements (des bons et des franchement moyens). Vous voyez que le scénario du film n'est clairement pas le point fort du film même s'il reste agréable. Pour moi la force du film a été dans la réalisation, les effets spéciaux et le message que le réalisateur a voulu faire passer.
La réalisation me laisse... rêveur
En revoyant le film j'ai vraiment été impressionné par la réalisation. En général, dans un film "classique", on ne change pas de point de vue en terme de style de caméra etc. Ou alors on le fait sans que cela se remarque. Pour moi les 30 premières minutes sont géniales car le réalisateur ose changer de point de vue à chaque cut. Il jongle entre des interviews de personne, comme un reportage TV et les phases ou un caméra-man fait partie de l'histoire et suit WVM dans District 9 (tout ça me rappelle la manière dont est tournée The Office). On ne s'attend pas à ce genre de choses quand on regarde un film de SF. Et même après la partie décente aux enfers de notre héros le réalisateur continue à changer de point de vue. Une caméra de sécurité, un film d'archive. Le réalisateur arrive même à nous faire croire que le caméra-man suis WVM, alors qu'on sait très bien qu'il est seul. Les plans sont rarement fixes, il y a toujours de petits mouvements, qui sont volontaires évidemment, qui nous immergent dans l'action du film comme si on y était. En parlant d'immersion, les effets spéciaux sont particulièrement bien fait. Seulement une scène aurait vieilli selon moi. Tout le reste du film est un pur bonheur. L'animation des aliens est fluide, on a la sensation qu'ils sont vivants, qu'ils ont une âme. Les animations au niveau des effusions de sang sont parfois un peu abusées mais c'est si rapide qu'on a du mal à le remarquer.
C'est bien putain
"Bon tout ça c'est très bien mon petit, mais en dehors de la réalisation en quoi c'est intelligent ?" J'y arrive. Mais avant tout, je souhaiterais présenter le réalisateur. Car oui je n'en ai toujours pas parlé mais c'est son PREMIER PUTAIN DE FILM. Le mec arrive quand même à faire produire son premier film par Peter Jackson ( l'adaptateur de la géniale trilogie du Seigeur des Anneaux et de l'un peu moins géniale trilogie du Hobbit). Le réalisateur, Neill Blomkamp, a une filmographie porteuse de plusieurs messages. District 9 traite de la xénophobie, de l'isolement de l'étranger. C'est tellement rare dans un film de genre que je trouve ça important de le souligner. Autre chose super intelligente, et le film le dit:
Pour une fois que ça ne se déroule pas à L.A. ou à New York.
Il n'a pas seulement tourné son film à Johannesburg car il y est né ou car ça change des villes habituelles. Le racisme est quelque chose d'encore trop présent dans ce pays. Comme dans pas mal de pays d'ailleurs, France et US compris. Ce film cherche à faire passer un message lourd de sens. Pour continuer sur sa filmographie, Elysium traite de la ségrégation des "pauvres" dans une Terre poubelle comparé aux "riches" qui vivent sur une station spatiale de luxe. Je n'ai pas encore vu Chappie mais il a l'air de se rapprocher de District 9 dans son message. J'attends maintenant son prochain film avec impatience: Alien 5. Je ne sais pas quel genre de message il pourrait faire passer mais j'ai hâte de voir ça. Quelques designs par le réalisateur lui même ici et là pour les vrais qui ont tout lue.