Divertimentoui

Divertimento c'est pour moi l'histoire d'une bonne surprise. Étant tombé sur la bande-annonce du film, je n'étais pas du tout attiré par ce long-métrage qui pour moi voulait trop se la jouer "grand public" en prenant un synopsis accrocheur pour le survoler et gâcher son potentiel. Mais je me trompais ! Car si j'ai pris l'habitude d'être déçu par un cinéma français qui, quand veut toucher un large public, se sent obligé de toujours passer à côté de l'intérêt cinématographique de ce qu'il représente avec cette sensation de profiter de son sujet plus que de ne le développer, je dois bien admettre que Marie-Castille Mention-Schaar m'a prouvé que le contraire est possible.

À la base, je ne voulais pas vraiment voir ce film et j'ai d'ailleurs été invité a y aller histoire d'au moins faire passer le temps agréablement. C'est donc plein d'a priori que je me rends à la séance et que je débute le film. Seulement voilà, dès la première scène mon attention est éveillée par l'intuition d'un travail de qualité. En effet rien qu'avec la première scène on peut sentir une facture de mise en scène qui donne l'espoir d'un film réellement passionné, et cette sensation ressentie au début du long-métrage ne m'a pas quitté jusqu'à la fin.
Divertimento, c'est un film plein d'humanité et bien écrit, la progression du film est intelligente et l'évolution des intrigues est efficace. Les personnages sont simples, touchants, c'est bien joué. De plus j'ai souvent du mal avec les films "entre adolescents" où la représentation des interactions entre jeunes est souvent caricaturée si ce n'est pas franchement gênante. Mais ici même si ce n'est bien sûr pas parfait, j'ai été étonnée d'une certaine justesse et d'une proximité dans la représentation et l'évolution des élèves entre eux, ce qui m'a permis de me plonger encore plus dans le film

Mais au-delà de ça, ce qui a vraiment fait passé à mes yeux ce film d'un simple bon moment à une véritable expérience cinématographique enrichissante est cette intelligence formelle dont le long-métrage est tapi. En effet Divertimento dispose d'une mise en scène efficace et réfléchie qui rend palpable et accessible la musique classique dans ses tonnes de touches de couleurs qui habitent l'image ou encore cette musique naturelle constituante de l'existence qui non sans faire référence aux théories musicales historiques est concrétisée par la mise en scène.
Enfin, ce qui m'attire également est une sorte d'utilisation inversée du biopic contrairement à ce que j'ai l'habitude dans ce genre. Car si la plupart des biopic traitent d'une figure célèbre pour nous surprendre sur sa vie. Ici on part d'une figure à la célébrité beaucoup plus relative et rien n'est très surprenant, mais justement c'est cette simplicité et cette force du message qui a réellement su attisé ma curiosité et m'a donné envie de creuser plus loin à l'issu du film.

En fait, peut-être qu'on pourrait remettre en question le choix du corpus musical du film ou la justesse du jeu de l'actrice lorsque qu'elle dirige un orchestre étant des éléments fondamentaux dans ce contexte. Néanmoins cela ne m'a pas dérangé car premièrement je ne m'y connais pas assez pour développer là-dessus, et surtout car comme le véhicule le film, ce qui compte c'est l'attention qui est donné aux gestes. Et de l'attention et de la passion, ça il y en a car c'est l'origine de cette passion qui est le coeur du film et de l'orchestre dirigé par Zahia Ziouani. Divertimento c'est la surprise d'un film fort qui s'oppose à un cinéma grand public à peine suffisant. C'est un film qui pour une fois ne se fou pas de notre gueule, alors c'est un grand oui.