Banlieue-land
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Dounia et Maimouna sont deux jeunes filles vivant dans une cité laissée à l’abandon, et ne rêvant que d’argent et de pouvoir. La première, surtout. Dounia se détourne de l’école tout d’abord : elle méprise et insulte sa professeure, lui crache qu’elle ne veut pas avoir de job minable et avoir du mal à finir ses fins de mois. La jeune fille préfère en effet admirer Rebecca, une dealeuse du quartier qui, elle, part en vacances à l’autre bout du monde et qui sait se faire respecter des garçons.
Trouvant peut-être en elle un modèle de fermeté et de réussite que sa mère ne lui donne pas, Dounia se débrouille pour réaliser des petits boulots pour Rebecca, avec la complicité de la fidèle Maimouna. C’est donc dans la vente de drogue qu’elles se réfugient, puisque ni leurs parents ni l’école ni la religion n’ont pu leur donner l’espoir suffisant pour aspirer à autre chose. « Money, money, money » aiment-elles scander, en s’imaginant loin de leur ghetto. Oui, de l’argent, elles vont en avoir ; assez pour leur donner de l’assurance et surtout l’envie de continuer. Le piège va alors se refermer sur elles jusqu’au drame final : à trop vouloir jouer avec le feu, on s’y brûle.
On pourra reprocher à Divines ses clichés sur la cité ; reste que le film est avant tout un témoignage d’une génération se sentant abandonnée. Le ghetto dans lequel vivent les protagonistes ressemble en effet à une micro-société, où les éléments extérieurs (la police, les pompiers) sont mal accueillis. Les bâtiments délabrés autour d’elles agissent comme une prison, de laquelle elle voudront s’évader, même par l’imagination : je pense à cette scène fortement poétique où les deux amies ferment les yeux et se projettent dans leur rêve bling-bling : Miami, des Ray-Ban, une voiture de luxe et des beaux mâles à leurs pieds. Pour elles qui n’ont connu que la misère, l’occasion de se faire de l’argent grâce à Rebecca sera pleinement saisie.
Cette expérience agit comme un rite initiatique, celui de l’affirmation de soi et de l’émancipation. Dounia découvre le désir, l’argent, les responsabilités. Elle grandit tout à coup, trop vite même. Mais bientôt le rêve s’effondre et elle se venge en mettant le feu aux voitures de sa cité. Les jeunes ne permettent pas aux pompiers d’accéder sur leur territoire. Plus tard, cet événement va être à l’origine du drame final, puisque les pompiers refuseront cette fois d’accéder à la cité sans l’intervention préalable de la police. La (trop) fidèle Maimouna sera la victime de ce manque de dialogue entre l’Etat et la banlieue. Divines serait donc une démonstration plus qu’une mise en faute de cette triste figure du serpent qui se mord la queue. Puissant, brutal et pessimiste, on vous disait.
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Créée
le 20 sept. 2016
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